<316>dans ce monde, pour l'amour de ce qui vous est le plus précieux, conservez-vous, et que j'aie du moins la consolation de pouvoir verser mes larmes dans votre sein. Ne craignez rien pour nous et pour ce qui peut-être vous paraîtra redoutable; vous verrez que nous nous tirerons d'affaire. Comme il y a très-longtemps que je n'ai pas la moindre de vos nouvelles, cela me fait trembler pour vos jours. Pour Dieu, faites écrire par un domestique : La Margrave se porte bien, ou : Elle a été incommodée. Cela vaut mieux que la cruelle incertitude dans laquelle je me trouve. Daignez m'en tirer par un petit mot, et soyez sûre que mon existence est inséparable de la vôtre. Je suis avec la plus tendre amitié et reconnaissance, ma très-chère sœur, etc.

341. A LA MÊME.

(Grüssau) 9 août 1758.



Ma très-chère sœur,

J'ai été plus mort que vif en recevant votre lettre,a ma chère sœur. Mon Dieu, quelle écriture! Il faut que vous reveniez du tombeau, car certainement vous devez avoir été cent fois plus mal qu'on ne me l'a dit. Je bénis le ciel de l'avoir ignoré, mais je vous supplie en grâce d'emprunter la main d'un autre pour m'écrire, et de ne vous point fatiguer de façon que cela pourrait empirer votre maladie. Quoi! toute malade et infirme que vous êtes, vous pensez à tous les embarras où je me trouve! En vérité, cela en est trop. Pensez plutôt, pensez-le et persuadez-vous-le bien, que sans vous il n'est plus de bonheur pour moi dans la vie, que de vos jours dépendent les miens, et qu'il dépend de vous d'abréger ou de prolonger ma carrière. Oui, ma chère sœur, ce n'est en vérité point un compliment que je vous écris, mais c'est le fond de mon cœur, c'est ma façon de penser


a L'autographe de cette lettre, datée du 18 juillet, et la dernière de la main de la Margrave, est presque illisible.