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20. A LA MÊME.

Glogau, 3 novembre (1759).



Ma chère sœur,

Je me suis fait traîner ici pour reprendre quelque peu de forces.c La fièvre m'a abandonné, et je compte de me mettre le 7 en marche pour la Saxe. Ne craignez rien, ma chère sœur, pour ma personne. L'amour de la patrie et le zèle pour ses intérêts me feront tout soutenir. Je crois que la paix se fera cet hiver; il y a toute apparence, et ce sera un grand bien. J'espère, après tout ce que mon frère a fait, que la paix sera bonne, et je lâcherai d'y contribuer de mon mieux. Vos prophètes soufflent le froid et le chaud; ils se tirent d'embarras par des estrapades, comme le font tous les imposteurs. Les barbares sont en Pologne, et Loudon me donne encore quelque occupation. Je lui oppose Fouqué, qui m'en tiendra compte. Enfin, après l'état désespéré où ont été nos affaires, nous revenons sur l'eau, et, malgré toute l'Europe liguée, nous nous retrouverons précisément dans l'état où nous avons été l'hiver passé; c'était tout ce que nous pouvions espérer. Ma faiblesse m'empêche de vous en dire davantage. J'ai encore peine à écrire, et il faut, malgré moi, me borner à vous assurer de la tendresse infinie avec laquelle je suis, ma chère sœur, etc.

21. A LA MÊME.

Strehlen, 3 mai (1761).



Ma chère sœur,

Votre lettre m'a servi de julep pour me fortifier contre les périls qui m'environnent. Je suis fâché de vous savoir la fièvre. Je me flatte que ce ne sera qu'une atteinte légère d'un mal pas-


c Voyez t. V, p. 29.