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40. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

Le 3 juillet 1736.



Mon très-cher frère,

Quoique à peine je vienne de mettre le nez au monde, ma petite mémoire m'a pourtant d'abord fait souvenir que j'avais un frère qui m'était plus cher que la vie; et je n'ai cru pouvoir mieux commencer mon entrée dans cette région qu'en l'assurant que, quoique enfant (quoique de vingt-sept ans), je ne laisse pas de comprendre dans mon petit cœur plus de tendresse pour lui que tout l'univers ensemble. J'espère donc que cette preuve que je vous donne déjà de mon discernement vous donnera bonne opinion de ma réussite, et m'attirera la continuation du réciproque de votre part. Je vous supplie donc, mon très-cher frère, de me conserver une petite part dans vos bontés, et d'être persuadé que, en quelque âge ou temps où je pourrai me trouver, je serai à jamais, avec toute la tendresse et la considération imaginable, mon très-cher frère, etc.

41. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

Berlin, 9 août 1736.



Ma très-chère sœur,

Je ne saurais assez vous remercier, ma très-chère sœur, de l'exactitude avec laquelle vous voulez bien m'écrire. J'ai eu le plaisir de recevoir trois de vos lettres à mon retour,a dont je vous fais mes parfaits remercîments. Je vous supplie de remercier le Margrave du plaisir qu'il me fait de penser encore à moi. Ce que je lui ai écrit pendant son séjour à Hambourg n'a été que par pure amitié, et je crois que vous vous serez peut-être aperçue par les lettres du Roi que je n'ai pas tant eu tort. Notre voyage s'est


a Frédéric avait fait un voyage dans la province de Prusse.