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54. A LA MÊME.

Remusberg, 22 mars 1738.



Ma très-chère sœur,

Je suis charmé de ce que votre indisposition n'a point eu de mauvaises suites, et que vous en avez été quitte pour un jour. Nous nous préparons à célébrer le jour de naissance de la Reine, la semaine qui vient. Pour à présent, nous nous divertissons avec l'Enfant prodigue.a Cette pièce nous a fort bien réussi; il ne nous manquait que vous, ma chère sœur, dans notre auditoire. Je n'ai pour cette fois aucunes nouvelles qui puissent ni vous amuser, ni vous divertir. Comptez toujours sur ma tendresse, ma très-chère sœur, et croyez-moi avec toute l'estime et l'amitié imaginable, etc.

55. A LA MÊME.

Ruppin, 31 mars 1738.



Ma très-chère sœur,

Pour cette fois, vous vous trompez, ma chère sœur; ce n'est point avec des auteurs morts ni pourris que je m'entretiens, c'est avec un auteur bien vivant; je lis à présent quelqu'un des nouveaux ouvrages de Voltaire, rempli de feu et de beautés. Je le quitte ce moment pour vous joindre et pour avoir le plaisir de m'entretenir avec vous. L'histoire du jour dont je pourrais vous amuser ne contient pas grand' chose, sinon une nouvelle fort intéressante pour les coiffeuses : c'est que le Roi a inventé une nouvelle forme de coiffure, qui consiste dans un grand pli qui vient s'appuyer sur le front, dont il fait comme la corniche. Celte mode de nouvelle date ne m'est connue que par ce qu'on m'en écrit de Berlin. On croirait que le Roi est bien désœuvré pour s'amuser


a Comédie en cinq actes et en vers, par Voltaire, représentée sur le Théâtre français le 10 octobre 1736.