<147>je travaille pour vous plus que si j'étais dans votre service; ou la chose réussira, ou je n'y entends rien. Vous serez avertie de tout ce que j'apprendrai d'essentiel, et je me confie en cela entièrement à votre discrétion. Je vois, madame, qu'on gagne à être vu de loin; je ne m'attendais pas à avoir un enthousiaste dans la personne du jeune prince de Rheinfels; je crains qu'il ne se repente en voyant de près des objets que son imagination lui peint en beau. Cependant je ne saurais haïr des personnes qui me veulent du bien, et si un instinct le porte au service prussien, je ne saurais le refuser. Il dépendra donc de lui de prendre les arrangements qu'il trouvera convenables pour entrer dans une nouvelle carrière. Souvent le hasard va plus loin que la prudence; je vous devrai peut-être, madame, un bon sujet,a et ce sera ajouter aux obligations que je vous ai déjà, mais non à l'estime distinguée que je vous ai vouée dès longtemps. C'est avec ces sentiments que je suis, madame ma cousine, etc.

18. A LA MÊME.

Le 2 décembre 1772.



Madame ma cousine,

Je n'ai rien de plus pressé, ma chère landgrave, que de vous prier fort d'accepter sans délai ce que l'Impératrice vous offre. N'ayez point de scrupules, et rejetez sur mes mauvais conseils tout ce qui vous embarrasse. Vous n'avez qu'à me marquer quand il vous sera séant de venir ici, et je vous inviterai tout de suite, après quoi nous délibérerons ensemble pour trouver un prétexte plausible pour votre voyage de Russie. Toutefois il faut y aller et assister au jugement du beau Paris, qui donnera la pomme à une de vos trois déesses. Vous voyez, madame, que mes pressentiments sont assez certains, et que vous triompherez


a Ce n'était pas la Landgrave, mais le prince de Birkenfeld son cousin, qui avait recommandé à Frédéric le prince de Rheinfels.