<82>des armes, il sera bien difficile, malgré toutes les probabilités même, de prévoir ou de calculer quelles en seront les suites.

Telle est la manière sous laquelle j'envisage et ma propre situation, et celle des affaires en général. Je la confie à un oncle qui m'est cher, et à un souverain qui par ses qualités rares jouit de l'admiration de toute l'Europe. Sous l'un et l'autre de ces titres, son amitié me sera précieuse à conserver, tout comme je m'efforcerai toujours à convaincre V. M. du sentiment de la haute estime et de l'attachement parfait avec lesquels je serai toujours, etc.

11. AU ROI DE SUÈDE.

Le 23 janvier 1773.



Monsieur mon frère,

Je viens de recevoir la lettre que Votre Majesté m'écrit d'Oerebro, avec toute la satisfaction possible. Je vois que V. M. approuve ma franchise, même qu'elle veut que je la pousse plus loin. Je ne doute pas que V. M. n'ait de bons alliés; mais je les trouve très-éloignés de la Suède, et par conséquent peu en état de l'assister. Elle me dit qu'elle est satisfaite des témoignages d'amitié que lui ont donnés ses voisins. Je me garderai bien de la troubler dans l'heureuse sécurité dont elle jouit, et, bien loin de me plaire à prophétiser des infortunes, j'aimerais mieux annoncer des prospérités. Cependant je déclare à V. M., comme à tout son royaume, que je ne me suis jamais cru prophète, ni voyant, ni inspiré; je ne sais que calculer l'avenir sur de certaines donnéesa qui peuvent quelquefois tromper par la vicissitude des événements, et qui souvent répondent au pronostic qu'on en a porté. Je pourrais me servir de la réponse de ce devin qui avait pronostiqué des malheurs qui menaçaient César, ce grand homme, aux ides de mars; César lui dit en le rencontrant : « Eh bien, ces ides de mars sont venues. »


a Voyez t. XXV, p. 93.