<286>rois, et dont toute l'ambition n'est pas encore développée. Accusera-t-on un voyageur d'imprudence, contre lequel trois voleurs de grand chemin, avec leurs troupes, se sont ligués, s'il est assassiné au coin d'un bois par lequel ses affaires l'obligeaient de passer? Tout le monde ne se mettra-t-il pas plutôt à la piste des voleurs pour les prendre et les consigner entre les mains de la justice, qui leur donnera leur vrai salaire?a

Pauvres humains que nous sommes! Le public ne juge point de notre conduite par nos motifs, mais par l'événement. Que nous reste-t-il donc à faire? Il faut être heureux.

Les Archives de l'État conservent (F. 80. T) les autographes des deux pièces qui précèdent, pièces composées dans les temps désastreux qui suivirent la bataille de Kolin. M. Eichel, conseiller intime de Cabinet, a mis sur la feuille de papier qui sert d'enveloppe à ces documents : « Fait au mois de septembre 1757. » Mais l'avant-dernier alinéa des Raisons nous fait présumer que le Roi les avait écrites avant le 15 août,b jour où il marcha contre les Autrichiens, comme il le raconte dans notre t. IV, p. 154 et suivantes. Les Raisons, dix pages in-4, signées Federic, mais sans date, traitent le même sujet que le chapitre VI de ce tome quatrième; l'Apologie, sept pages in-4, sans date ni signature, correspond aux chapitres II et III du même volume. Les Raisons et l'Apologie sont écrites sur du papier à marge noire; le Roi portait le deuil de sa mère, morte le 28 juin 1757.


a Voyez t. XIX, p. 177 et 178; t. XXVI, p. 236; et t. XXVII. I, p. 336.

b On lit dans le Militärischer Nachlass des General-Lieutenants Victor Amadeus Grafen Henckel von Donnersmarck, t. I, partie II, p. 264. et 265, que les Raisons de ma conduite militaire étaient achevées le 1er août. Le comte Henckel les connaissait très-bien, comme on peut le voir par ce qu'il en dit à cette date, l. c., p. 265.