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1. DE D'ALEMBERT.a

Paris, 7 février 1764.



Sire,

La philosophie, accueillie et honorée dans vos États, méprisée ou persécutée presque partout ailleurs, et pénétrée, comme elle le doit, de la protection éclairée que Votre Majesté lui accorde, vient d'en recevoir de nouveaux témoignages. MM. Helvétius et de Jaucourt ont appris, il y a peu de jours, par une lettre du secrétaire de l'Académie des sciences, l'honneur que V. M. leur a fait à tous deux, et ils me chargent de mettre à vos pieds leur admiration, leur profond respect et leur reconnaissance. Permettez-moi, Sire, d'y joindre aussi la mienne. V. M. connaît mon estime et mon amitié pour eux, et en les rendant mes confrères dans une compagnie célèbre qu'elle honore de sa protection, elle a voulu me donner une nouvelle preuve de ses bontés, après toutes celles que j'en ai déjà reçues.

Plein du désir le plus vif de témoigner à V. M. mon attachement inviolable pour elle et l'ambition que j'ai de lui plaire, j'ai travaillé, autant que le dérangement de ma santé a pu me le permettre, aux augmentations qu'elle a désiré que je fisse à mes Eléments de philosophie, et je me suis attaché surtout aux objets que V. M. a bien voulu m'indiquer elle-même comme ayant besoin d'être éclaircis. J'ai fait de mon mieux, en pensant que j'aurais le grand Frédéric pour lecteur; mais quand je pense que je l'aurai aussi pour juge, je ressemble à Dieu lorsqu'il eut fait


a Ces lettres servent à compléter la correspondance de Frédéric avec d'Alembert, que l'on trouve dans notre t. XXIV. Nous les imprimons d'après les autographes, que M. Maercker. conseiller intime des Archives, a eu la bonté de nous communiquer.