<7>Voulez-vous vous servir des fusils, quelles troupes font un feu pareil aux nôtres? Les ennemis disent que c'est être exposé à la gueule de l'enfer que de se trouver vis-à-vis de notre infanterie. Voulez-vous que l'infanterie n'attaque qu'avec la baïonnette, quelle infanterie marchera mieux à l'ennemi sans flotter et avec un grand pas? où verra-t-on plus de contenance dans les plus grands dangers? Faudra-t-il faire un quart de conversion pour tomber sur le flanc de l'ennemi, dans un moment ce mouvement s'exécute, et cela même sans la moindre peine.

Dans un pays où le premier état est le militaire, où la fleur de la noblesse sert dans l'armée, où tous les officiers sont gens de naissance, où des citoyens même sont soldats, c'est-à-dire des fils de bourgeois et de paysans, on doit bien se persuader qu'il doit y avoir de l'honneur dans des troupes ainsi composées. Aussi y en a-t-il beaucoup, car j'ai vu des officiers périr plutôt que de reculer; qu'eux et jusqu'au commun soldat ne souffrent point dans leur corps des gens qui ont témoigné des faiblesses qu'on ne relèverait assurément pas en d'autres aimées; j'ai vu des officiers et des soldats fortement blessés, qui n'ont point voulu abandonner leur poste, ni se retirer pour se faire panser. Avec de pareilles troupes on dompterait l'univers entier, si les victoires ne leur étaient pas aussi fatales qu'à leurs ennemis; car vous pouvez tout entreprendre avec elles, pourvu que vous ayez des vivres. Marchez, vous gagnerez de vitesse sur les ennemis; attaquez des bois, vous y forcerez les troupes; gravissez contre des montagnes, vous déposterez ceux qui les défendent; servez-vous des armes à feu, ce sera un massacre; faites agir votre cavalerie, ce sera une boucherie affreuse et la destruction des ennemis.

Mais, comme la bonté des troupes ne suffit pas, et qu'un général, à force d'être malhabile, pourrait détruire d'aussi grands avantages, je vais traiter de la partie du général et prescrire des règles que j'ai apprises à mes dépens, ou que de grands généraux nous ont laissées.