<91>le pain gratis, et de la viande de même. Si c'est en pays ennemi, le général principal aura quinze mille,a ceux d'infanterie et de cavalerie dix mille, les lieutenants-généraux sept mille, les généraux-majors cinq mille, les capitaines de cavalerie deux mille, les capitaines d'infanterie dix-huit cents, les subalternes cent ducats, le soldat pain, viande et bière gratis, que fournit le pays, mais point d'argent, car l'argent le fait déserter. Il faut que le général tienne la main que tout cela se fasse avec ordre. Point de pillage; mais il ne faut pas non plus qu'il chicane trop les officiers sur quelques légers profits. Si l'armée est en pays ennemi, c'est au général à la recompléter. Il distribue, par exemple, les cercles : trois régiments sur celui-ci, quatre sur celui-là, etc. Il subdivise ces cercles, et les assigne comme des cantons. Si les états veulent livrer les recrues, tant mieux; sinon, on use de force. Il faut les faire livrer de bonne heure, pour que les officiers aient le temps de les exercer, qu'ils soient en état de servir le printemps suivant. Il faut, de plus, que les capitaines envoient en recrutement. Le général en chef doit se mêler de toute cette économie, ainsi que pour les chevaux d'artillerie et de munitions de guerre et de bouche, que le pays ennemi est aussi obligé de livrer, ou de les payer en argent. Le général a aussi l'œil pour que les contributions soient exactement payées à la caisse de guerre. C'est aux dépens du pays ennemi que l'on refait tous les équipages, les affûts, les chariots, et tout ce qui appartient à l'attirail d'une armée. Le général tiendra la main à ce que les officiers de cavalerie réparent les selles, brides, étriers, bottes, etc., et que ceux d'infanterie fassent provision de souliers, bas, chemises et guêtres pour la campagne prochaine; qu'ils fassent raccommoder les couvertures des tentes et les tentes mêmes; qu'on fasse fourbir les lames de la cavalerie et raccommoder les armes des fantassins; que l'artillerie fasse nombre de cartouches pour


a Comme les mots pays ennemi font allusion à l'Autriche, il est probable que les sommes indiquées ici doivent être énoncées en florins. Le mot florins, qui manque soit dans notre autographe, soit dans la traduction, se trouve dans le texte des Œuvres de Frédéric II, roi de Prusse, publiées du vivant de l'auteur. A Berlin, 1789, t. III, p. 373. Le premier texte autographe de l'ouvrage de Frédéric, intitulé Instruction pour les généraux, ne renferme pas encore le passage relatif aux gratifications.