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II. LETTRE DU ROI DE POLOGNE A SA MAJESTÉ LE ROI DE PRUSSE.

Dresde, le 3 septembre 1756.

Je reçois actuellement du général de Méagher la réponse à la lettre dont je l'avais chargé pour Votre Majesté. Je la remercie sincèrement des marques d'estime et d'amitié qu'elle veut bien me témoigner. J'espère aussi qu'en même temps Votre Majesté daignera me donner au plus tôt des marques réelles de ces assurances que j'estime infiniment.

Les démêlés qui se sont élevés entre Votre Majesté et l'Impératrice-Reine, ne me regardent en aucune façon. Elle a aussi eu la bonté de me mander les nouvelles représentations qu'elle a fait faire à la cour de Vienne, et qu'elle va régler ses mesures sur la réponse qu'elle en obtiendra. Cependant, après avoir uniquement exigé de moi un passage qui, suivant les constitutions de l'Empire très-connues à Votre Majesté, ne devait porter aucun préjudice à mes États, j'aurais dû croire qu'il était équitable de ne pas s'en emparer, et de s'en tenir ponctuellement à la déclaration authentique que Votre Majesté a faite, savoir : qu'elle n'avait aucun dessein d'agir avec moi en ennemi, ni de traiter mes États comme tels; d'en user au contraire comme il convient à un prince ami et bien intentionné. Bien loin de là, les troupes de Votre Majesté extorquent toutes sortes de livraisons, s'emparent de mes caisses publiques, démolissent une partie de ma forteresse de Wittenberg, et enlèvent mes officiers et même mes généraux, par-