<XIX>ressource pour le guérir. Mais passé ce cas, il faut, selon mon sentiment, y procéder avec plus de ménagement, et n'agir qu'à poids et mesure, parce que celui qui à la guerre donne le moins au hasard, est le plus habile.

Il ne me reste plus qu'un mot à dire sur le style que j'ai adopté. J'ai été si excédé du Je et du Moi, que je me suis décidé à parler en troisième personne de ce qui me regarde. Il m'aurait été insupportable, dans un aussi long ouvrage, de parler toujours de moi en mon propre nom. Du reste, je me suis fait une loi de m'attacher scrupuleusement à la vérité, et d'être impartial, à cause que l'animosité et la haine d'un auteur n'instruit personne, et qu'il y a de la faiblesse et de la pusillanimité même à ne pas dire du bien de ses ennemis, et à ne leur pas rendre la justice qu'ils méritent. Si malgré moi je me suis éloigné de cette règle que je me suis prescrite, la postérité me le pardonnera, et me corrigera où je mérite d'être repris. Tout ce que je pourrais ajouter à ce que je viens de dire, serait superflu, et peut-être qu'un ouvrage fait, comme celui-ci, pour être lu par peu de personnes, pouvait se passer tout à fait d'avant-propos.

A Potsdam, le 3 de mars 1764.

Federic.