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DE CE QUI S'EST PASSÉ DE PLUS CONSIDÉRABLE DEPUIS L'ANNÉE 1774 JUSQU'A 1778.

On se persuadera bien que la jalousie, la haine et l'envie qu'avait excitées parmi les puissances de l'Europe le partage de la Pologne, ne se dissipèrent pas tout d'un coup. La chose était récente, et la sensation en avait été trop forte pour que les souverains regardassent avec les yeux de la coutume un événement dont leur amour-propre était choqué. La France se rappelait avec un chagrin secret ses efforts inutiles pour soutenir la confédération de Bar; elle ne pouvait se dissimuler la mauvaise tournure qu'avait prise la guerre qu'elle avait conseillé aux Turcs d'entreprendre contre la Russie; elle était en quelque façon humiliée qu'une monarchie comme la sienne eût eu si peu d'influence dans les troubles qui avaient déchiré la Pologne; elle ne craignait pas moins cette liaison qui commençait à se former entre l'Impératrice-Reine, l'impératrice de Russie et le roi de Prusse. Une telle alliance donnait à ces puissances une prépondérance trop décidée en Europe, pour qu'à Versailles on pût l'envisager avec des yeux indifférents; mais ces apparences étaient trompeuses, et il s'en fallait de beaucoup que ces trois puissances fussent dans une aussi étroite amitié que le public pouvait se le figurer.

Louis XVI venait de monter sur le trône; un évêque lui remit le testament politique que le Dauphin, père du Roi, lui avait