43. AU COLONEL COMTE DE TRUCHSESS A HANOVRE.

Berlin, 2 août 1740.

Monsieur de Truchsess. J'ai reçu votre relation n° 8 du 27 de ce mois,27-1 par laquelle vous me mandez de quelle manière ma lettre de félicitation a été reçue par le roi d'Angleterre, et combien de compliments vous avez essuyés à cette occasion. Je ne vois encore rien de positif par rapport à l'alliance qu'on a tant pressée, quoique je vous aie marqué plusieurs fois mes sentiments là-dessus, et il me semble même qu'on se flatte toujours que je meprêterai à leurs idées, en donnant le premier mes demandes. Vous n'ignorez pas combien j'en suis éloigné, et j'ai été surpris d'apprendre de vous-même que vous avez donné dans ces piéges, en délivrant au Milord27-2 un pro-memoria sur les articles dont vous l'aviez entretenu. Mais, mes ordres ne vous autorisantaucunement à faire une telle démarche, je ne comprends pas par quelle raison vous sauriez l'excuser.

S'il est vrai que la cour d'Angleterre souhaite sincèrement de m'attacher à ses intérêts, il est naturel que j'attende d'elle lespropositions sur ce qu'elle voudra faire pour l'amour de moi dans l'affaire de Juliers et de Bergue, et dans celles qui regardent mes prétentions sur l'Ostfrise et sur le Mécklembourg, et il faudrait s'expliquer sur les moyens de m'assister dans la poursuite de ces droits, et quel plan on en voudrait faire. Car sachant que la France a épousé mes intérêts à l'égard du <28>premier article, on ne saurait prétendre avec raison à m'en détacher, si l'on ne s'avise pas de m'offrir de plus grands avantages, au lieu d'attendre de moi des avances. Je vous ordonne donc de ne vous pas laisser amuser par des compliments et de générales assurances, mais d'exiger des propositions claires et précises, qui me pourraient mettre en état de m'expliquer aussi rondement avant mon départ pour Wésel. Je vous adresse exprès le porteur de celle-ci, afin de m'envoyer avec plus de sûreté votre réponse, qui m'informera en détail de la véritable situation de cette affaire, et de tous les secrets qu'on ne pourra point confier à la poste. Je joins ici un autre chiffre, trouvant le vôtre trop difficile, la moindre émission d'unelettre causant un grand embarras; c'est pourquoi vous vous servirez du nouveau, qui est plus clair et plus facile. Au reste n'oubliez pas de faire mes amitiés au prince de Hesse et à la princesse, et de remercier le de Münchhausen de la délivrance des deux recrues, arrêtées si longtemps à Brême. Je suis etc.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.



27-1 Sic.

27-2 Harrington.