519. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN [A LINZ].

Breslau, 20 septembre 1741.

Comme il est nécessaire de vous mettre au fait de la situation où je me trouve maintenant avec la cour de Bavière, je suis bien aise de vous dire qu'ayant résolu d'entrer dans une alliance étroite avec l'Électeur, sur les pressantes instances que ce prince, aussi bien que la France, m'ont faites là-dessus, le comte de Törring, son ministre à ma cour, m'a présenté un projet de traité d'alliance offensive etdéfensive; mais, comme je l'ai trouvé trop vague, je lui ai fait remettre un contre-projet plus étendu et plus détaillé, qu'il a envoyé à sa cour, il y a plus de quinze jours. Les intérêts de l'Électeur y sont tellement ménagés que je me flatte que ce prince ne balancera pas un moment de m'accorder à son tour les avantages et les conditions que je lui ai demandés, d'autant plus qu'il n'y met rien du sien, et qu'elles ne lui coûteront rien. Le principal objet auquel je me suis attaché, est la garantie de toute la Basse-Silésie, avec la ville de Breslau, la principauté et ville de Neisse, avec toutes ses dépendances et appartenances, et la ville et château de Glatz avec sa banlieue. J'en ai demandé la possession indépendante de la couronne de Bohême, et même de l'Empire, en plein titre desouveraineté de tout ce pays-là, comme, avant son incorporation avec la Bohême, il a été entièrement indépendant sous ses propres princes et souverains.

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J'ai insisté, de plus, dans un articleséparé, sur la garantie de la succession de Mécklembourg, qui ne m'est contestée de personne, et sur celle d'Ostfrise. Voilà ce que j'ai demandé à l'Électeur comme tel. On a remis outre cela de ma part au comte de Törring une pièce allemande, qui contient les avantages et petites faveurs que j'ai demandés à l'Électeur comme Empereur, et qu'à l'exemple des autres Empereurs, ses prédécesseurs, il peut m'accorder sans que cela ne lui coûte rien, moyennant quoi je lui promets non seulement mesbons offices et ma voix pour l'élection future, mais aussi mon assistance pour la soutenir contra quoscunque, avec une garantie efficace de toutes les conquêtes que l'Électeur fera sur la maison d'Autriche.

Vous voilà maintenant au fait et informé des liaisons que je suis sur le point de contracter avec l'électeur de Bavière. Il faut donc que vous pressiez ce prince et son premier ministre de renvoyer au plus vite mon susdit contre-projet, avec les instructions et ordres nécessaires au comte de Törring de mettre la dernière main à l'œuvre, avec celui que j'autoriserai pour cet effet-là.

Comme l'Électeur, ainsi qu'il en est souvent convenu lui-même, me doit tout, si j'ose le dire, et que sans mon assistance et concurrence il n'aurait jamais pu aspirer à la dignité impériale et à la poursuite de ses droits sur la succession de la maison d'Autriche, j'attends à juste titre, pour marque d'une reconnaissance dont il vous a donné tant de fois les assurances les plus fortes, qu'il accepterasimplement et purement le plan tel que je le lui ai offert dans le contre-projet remis à son ministre, d'autant plus qu'il ne renferme rien qui puisse préjudicier aux intérêts particuliers de ce prince et de sa maison, et surtout quand il considère que, pour l'amour de lui, et peut-être par un attachement à ses intérêts et une amitié sans exemple, j'ai refusé en dernier lieu la proposition avantageuse que la cour de Vienne m'a fait faire par milord Hyndford de me céder en toute propriété toute la Basse-Silésie avec la ville de Breslau, ainsi que je l'ai mandé moi-même à l'Électeur: sacrifice qui mérite bien un juste retour de reconnaissance, et qu'on ne saurait jamais payer assez chèrement.

L'Électeur n'ignore apparemment pas qu'on doit uniquement à ma fermeté et à la déclaration que j'ai fait faire, par mon ministre à la diète d'élection de Francfort, que l'électeur de Mayence a changé de parti en sa faveur, et qu'il est prêt d'accéder à celui que j'ai pris pour mettre la couronne impériale sur la tête de ce prince.

Je ne travaille pas moins sansrelâche à la cour d'Hanovre, pour rendre le roi d'Angleterre, comme électeur, favorable à l'élection de Son Altesse Électorale de Bavière, et j'ai bonne espérance d'y réussir.

Vous ne manquerez pas de faire valoir tout cela, le mieux que vous pourrez, auprès de l'Électeur et de ses ministres qui sont du secret, pour les porter à donner incessamment les mains au traité, tel que je l'ai fait proposer. Vous y pouvez ajouter que j'ai écrit de ma propre <345>main, il y a deux jours, au maréchal de Belle-Isle, pour le conjurer de faire en sorte que dans les convenances qu'on voudra accorder à la cour de Dresde, pour la faire entrer dans notre commun concert, on ait préférablement égard aux intérêts de l'électeur de Bavière, d'une manière qu'il puisse avoir lieu d'être entièrement satisfait et content.

Federic.

H. de Podewils.

Nach dem Concept.345-1



345-1 Zu Grunde liegt eine von Eichel dem Minister am 16. September übersandte Weisung des Königs, dass der v. Klinggräffen nunmehro von der ganzen und eigentlichen Situation, in welcher Se. Königl. Majestät mit dem churbairischen Hofe stünde, völlig informiret und instruiret werden sollte.