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La commission dont le sieur Guy Dickens est chargé de négocier contre un subside à payer un corps de troupes russiennes, prêt à marcher sur la réquisition de la cour d'Angleterre en cas d'attaque de la part du roi de Prusse, était si avancée au commencement du mois dernier de juin qu'il ne s'était agi actuellement que de faire signer à l'Impératrice les propositions mises en avant par ses ministres et déjà préalablement approuvées de cette Princesse touchant la manière et les conditions sous lesquelles la cour de Russie s'engagerait à tenir en Livonie et près de la Mer Baltique un corps de troupes prêt à marcher pour le service de l'Angleterre, ensuite de quoi il ne resterait aux chanceliers que de livrer au sieur Guy Dickens par écrit une réponse complète et satisfaisante sur le mémoire qu'il leur avait remis à ce sujet; mais que les dissipations fréquentes de l'impératrice de Russie avaient empêché alors de mettre cela à exécution, et, bien que cette Princesse eût ordonné à ses ministres de la suivre à Troiza, elle en était retournée à Moscou avec ses ministres dans sa suite, sans que ceux-ci avaient pu lui parler d'affaires. Ce qu'il y avait eu de surprenant dans la conduite de ces ministres, c'avait été que — nonobstant que cette négociation était si peu parvenue encore à sa consistance ils ne s'étaient pas même ouverts encore d'une manière détaillée au ministre anglais sur les demandes qu'on ferait, lesquelles n'étaient par conséquent ni connues ni agréées du roi d'Angleterre, — néanmoins les susdits ministres avaient fait déjà des arrangements militaires, comme si l'affaire était entièrement parvenue à sa maturité, apparemment pour suppléer par cette activité à la longueur de la négociation. Que la disposition était que cinq régiments d'infanterie avec autant de régiments de dragons dont les quartiers étaient les plus proches de la Livonie, entreraient au premier ordre dans cette province, tandis que d'autres régiments plus éloignés de la frontière occuperaient immédiatement après les quartiers que ceux-là viendraient de quitter, et que les Cosaques avaient aussi charge d'avancer et de se mettre plus à portée; qu'en même temps on avait expédié des ordres à Pétersbourg pour mettre incessamment les galères qui s'y trouvent, en état de pouvoir mettre à la voile au premier ordre; qu'au cas que l'Angleterre agréerait les conditions qu'on lui demanderait, l'intention des ministres était d'assembler en Livonie et à la Mer Baltique jusqu'à 70,000 hommes de ses meilleures troupes dont cinquante-six seraient donnés à l'Angleterre pour le compte des subsides, et que, quand la réquisition se serait faite, on ferait, pour remplir ses engagements antérieurs avec cette couronne, marcher effectivement jusqu'à 70,000 hommes, afin de pouvoir agir d'abord avec vigueur et force en cas d'évènement; que d'ailleurs on avait résolu, pour avoir une bonne réserve, de lever sans délai 60,000 recrues; qu'au surplus la Russie demandait à l'Angleterre que, le cas de la réquisition des troupes existant, celle-ci lui paierait trois millions d'écus de Hollande et un million pour tenir prêtes, en attendant, les troupes; mais qu'en