6247. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 12 mars 1754.

J'ai reçu votre dépêche du 1er de ce mois. Comme la dépêche ci-close du département des affaires étrangères comprend tout ce que nos dernières lettres d'Angleterre nous ont marqué, je vous renvoie et n'ajoute que la réflexion qu'il me semble que je vous ai déjà fait observer dans une de mes dépêches antérieures,267-1 savoir que le ministère anglais ne voudrait acheter à trop grand prix la Russie; que son système est actuellement pacifique, à moins que des évènements ne le réchauffent contre la France; que son unique attention est à présent d'avoir le Parlement futur à sa disposition, mais qu'il restait à savoir si alors le dit ministère ne changera pas de ton et reprendra toute son arrogance. Il est vrai que des lettres particulières de Londres ont marqué que, parmi les débats du Parlement présent, le parti contraire à la cour ayant<268> extrêmement poussé le ministère de ce qu'il n'avait pas agi vigoureusement contre la France par rapport à l'affaire de Dunkerque, celui-ci s'en était défendu par le défaut des fonds en argent pour pousser vigoureusement la France, et que ses antagonistes ayant demandé la raison pourquoi une guerre d'à peu près huit ans, comme la dernière, avait plus coûté en frais que celles que l'Angleterre avait soutenues du temps du roi Guillaume et de la Reine, les ministres avaient répliqué que, dans la guerre dernièrement passée, l'Angleterre avait été obligée de porter sur ses épaules la reine de Hongrie comme un corps mort, ce qui avait tant épuisé le trésor de l'Angleterre. Nonobstant cela, mes lettres m'assurent qu'apparemment le langage que les ministres anglais avaient fait tenir à la France par rapport au chipotage avec la Russie, avait été mal entendu ou mal rendu, puisque, si la Russie acceptait les propositions des ministres anglais, on contracterait certainement avec celle-là, et que ni le langage du comte d'Albemarle, ni l'argent ne les en retiendrait.

Federic.

Nach dem Concept.



267-1 Vergl. Nr. 6199 S. 233.