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vés de la paît de Louis XIV, et en lui dépeignant cette cour comme une puissance ambitieuse, peu fidèle à ses engagements et qui ne cherche qu'à inquiéter et subjuguer ses voisins … Après que le sieur d'Affry aura réussi à calmer la République relativement à la méfiance qu'on lui a inspirée contre la France, et qu'il lui aura fait remarquer que l'Angleterre ne la regarde que comme un pion qu'elle met en avant pour faire diversion à la France et l'obliger à partager ses forces, il doit, secundo, s'attacher à prouver que le parti de la neutralité est celui qui convient le mieux à la situation actuelle de la Hollande, au cas que les différends qui se sont élevés entre la France et l'Angleterre, causent une rupture entre ces deux cours et leurs alliés … Il doit, tertio, travailler à disposer la République à donner des assurances à la France de la fidélité avec laquelle elle remplira ses engagements à cet égard … On a inséré, dans ses instructions, différentes conditions sur lesquelles on veut qu'il sonde la République, en tant qu'il la trouvera disposée à s'y prêter, et qu'il ne s'en offrira point à son esprit qui soient plus propres à procurer à la France les sûretés qu'elle voudrait pouvoir se ménager. Ces conditions sont: primo, d'exiger que la Hollande ne fasse aucunes nouvelles levées dans le moment présent, mais qu'elle laisse subsister son armée dans l'état où elle se trouve actuellement; secundo, qu'elle ne contracte aucun engagement avec aucune puissance pendant le cours de cette neutralité qu'avec le consentement de la France et sans lui en donner préalablement avis; tertio, qu'elle donne une de ses places fortes en ôtage à la France, pendant le temps que durera la guerre, ou bien, si elle ne veut point donner son consentement à cette demande, qu'elle mette en garnison dans une de ses places, dont la France aura le choix, le corps de troupes suisses qu'elle a à sa solde, et qu'elle leur fasse prêter serment de ne pas servir contre la France. Telles sont les principales conditions que renferment les instructions du sieur d'Affry sur ce point.“

demandait le temps pour se déclarer jusqu'au printemps qui vient. Pour moi, je crois qu'il voudra différer pour voir si le mariage de sa fille avec le prince de Galles se constatera,1 et dans ce cas je me persuade qu'il voudra difficilement renouveler le traité. Cependant, il est sûr que les Anglais lui ont offert de gros subsides et que, pour l'arrêter de ne pas s'y prêter, il faudra que la France lui augmente ceux qu'elle lui fait payer actuellement.

Je viens à présent sur cette extrême léthargie des ministres de France2 qui m'est absolument inconcevable, d'autant plus que, dans d'autres occasions, ils ont été reconnus pour des gens entendus et raisonnables, et je crains que, de la manière aussi faible qu'ils se conduisent présentement, ce ne soit une espèce de miracle, s'ils se tirent bien de l'affaire. Mais, comme il faut absolument qu'il y ait une raison particulière que je n'ai pu point pénétrer, mais qui les mène à cette conduite, mandez-moi, sincèrement et sans me rien cacher, si c'est Madame de Pompadour qui, peut-être par ses intérêts particuliers ou en égard des grandes sommes qu'elle a placées autrefois en Angleterre,3 penche pour les Anglais4 et intimide les ministres pour ne point agir à leur gré; car, une fois pour toutes, leur façon d'agir est inconcevable, et il faut qu'il y ait quelque raison cachée.

Marquez-moi, au surplus, si l'échec que les troupes françaises ont souffert,5 et qui a été plus con-



1 Vergl. S. 379.

2 Vergl. S. 371. 372.

3 Vergl. S. 410. 411.

4 Vergl. S. 292.

5 Vergl. S. 376 Anm. 5.