6750. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Potsdam, 22 avril 1755.

J'ai reçu votre rapport du 11 de ce mois. Ce que la dépêche du département des affaires étrangères vous marquera touchant mes dernières lettres de Londres, vous convaincra que l'Angleterre a pris absolument son parti pour éclater en guerre contre la France.

Quoique je ne doute pas de la vérité de ce que M. de Rouillé vous a dit que l'Espagne ne s'était point expliquée jusqu'à présent sur des liaisons à prendre avec la France129-2 relativement à la guerre dont celle-ci est menacée en Amérique, il faut cependant qu'il se soit passé quelque chose depuis peu à cet égard qui déplaît souverainement à l'Angleterre et d'ailleurs à la cour de Vienne, vu que surtout la dernière, à ce que je sais de lieu sûr,129-3 est actuellement fort inquiète et ombragée sur la conduite de l'Espagne, sur un avis que le comte Migazzi lui a donné touchant une négociation qu'il y avait sur le tapis à Madrid, prête à être signée entre l'Espagne, la France et les rois de Naples et de Sardaigne, dont ledit comte prétend avoir pénétré le secret sur un mot échappé par inadvertance. Comme je ne vous dis ceci que pour votre direction seule, vous vous mettrez cependant sur les voies afin de pénétrer au possible ce qui saura être de cette nouvelle, que je ne vous garantis pas absolument pour authentique, mais dont cependant la cour de Vienne est bien intriguée. J'attendrai votre rapport sur ce que vous en aurez découvert.

Federic.

Nach dem Concept.

<130>

129-2 Vergl. S. 123.

129-3 Bericht Klinggräffen's, Wien 4. April.