6763. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 29 avril 1755.

J'ai bien reçu votre rapport du 19 de ce mois. Je suis bien aise de vous communiquer, à l'occasion de cette incertitude où la cour où vous êtes prétend se trouver sur le sort des différends entre l'Angleterre et la France, ce qui m'est revenu en dernier lieu de très bonne main en Angleterre,137-1 savoir que le ministre autrichien à la cour de Londres venait de présenter depuis peu de jours au duc de Newcastle un plan de défense des Pays-Bas,137-2 selon lequel celle de Vienne s'offre d'entretenir, aux frais et sur la paie de l'Angleterre, un corps de 50,000 hommes pour mettre ce pays à couvert contre toute insulte, contre la France; plan qu'on a rendu cependant au comte de Colloredo, en le remerciant et en lui répondant généralement qu'il fallait premièrement voir si la guerre aurait lieu avec la France, et de quelle manière elle se ferait. Voilà de quoi voir assez évidemment comment ladite cour voudrait profiter de toutes occasions pour gagner au jeu et faire argent de tout.

Je suis surpris de ce qu'on apprend présentement si peu de choses qui regardent les révoltes en Hongrie,137-3 c'est pourquoi je serai bien aise que vous m'en puissiez donner des nouvelles et m'informer surtout si les révoltés ont un chef déclaré à la tête, si leur parti s'augmente ou se diminue, et s'ils oseront résister à la force ou s'ils plieront.

Quant au contenu du post-scriptum de votre rapport ci-dessus accusé,137-4 il faut bien que vous preniez patience encore sur vos griefs, vu que ma santé affaiblie encore par cet accès de goutte137-5 dont je me<138> suis ressenti, ne me permet pas encore de prendre les arrangements qu'il faut pour vous satisfaire, sur lesquels j'aviserai cependant, dès que ma santé sera entièrement remise.

Federic.

Nach dem Concept.



137-1 Berichte Michell's, London 11. und 15. April.

137-2 Vergl. S. 133.

137-3 Vergl. S. 129.

137-4 Betreffend die Forderungen des Gesandten an die Legationskasse.

137-5 Vergl. S. 121.