<419> à y donner son approbation, et principalement dans le cas que les Anglais se rendraient de nouveau maîtres de la Méditerranée. En attendant, l'on est fermement résolu ici à continuer, pendant le courant de l'été, de faire le long de la Manche toutes les démonstrations d'une prochaine invasion dans les îles britanniques, non seulement pour achever tous les préparatifs de cette entreprise, mais aussi pour forcer l'Angleterre, par l'incertitude dans laquelle la jettent ces dispositions, de garder la principale partie de ses forces maritimes dans l'Océan, afin que l'on puisse agir plus librement d'ici dans la Méditerranée, ainsi que dans les mers de l'Amérique. C'est dans cette vue que le maréchal de Belle-Isle fera incessamment le tour des côtes de l'Océan, et qu'on assemblera à la fin de juillet les onze camps dont le nombre des bataillons n'est pas encore tout-à-fait réglé.

De Pétersbourg, le 3 de mai.1

Que, le Grand-Chancelier ayant été questionné de quelqu'un de sa connaissance et confiance,2 à l'occasion de l'arrivée prochaine du chevalier Douglas,3 s'il serait plutôt permis que ci-devant audit chevalier de venir à Pétersbourg, le Chancelier avait répondu que les circonstances avaient présente mentchangé, la cour de Londres n'ayant point eu de ménagement pour la Russie, ce qui dispensait celle-ci d'avoir des ménagements pour la première; qu'ainsi on recevrait Douglas, ne fût-ce même que pour mortifier Williams. Que, celui-ci ayant été le 8 d'avril à une conférence des deux chanceliers, on lui avait lu un papier dont le contenu avait été que l'Impératrice avait grande raison d'être mécontente de la cour de Londres, à cause de ses engagements particuliers et malintentionnés avec la Prusse, et qu'on ne saurait non plus être content de ce qu'on se servait de la médiation de la Prusse, pour aplanir les brouilleries entre l'Angleterre et la France; que le sieur Williams était donc requis de faire là-dessus les représentations les plus fortes à sa cour, ainsi que le ministre Golyzin s'expliquerait envers le ministère anglais. Qu'on4 soupçonnait que le Grand-Chancelier était d'accord, pour ce qui regarde le chevalier Douglas, avec son frère, tout comme avec le Vice-Chancelier et le comte Schuwalow, qui s'étaient déclarés protecteurs de Douglas, ou que sa résolution était de laisser faire ceux-ci; qu'il ne fallait pas douter que ce chevalier n'eût des propositions à faire de la part de la France, et qu'il n'eût son créditif en poche; que c'était d'ailleurs un homme très propre à plaire en Russie; qu'en attendant le crédit du chevalier Williams baissait de jour en jour et que l'éloignement pour l'Angleterre augmentait pareillement. Que, cependant, les conseils modérés du Grand-Chancelier avaient prévalu en cela que cet éloignement ne nuirait pas aux autres alliés et au système, la Russie ne s'occupant que de se mettre en bonne posture par terre et par mer, pour se rendre redoutable à tout le monde et pour pouvoir secourir ses alliés et particulièrement la cour de Vienne; la Czarine ayant dit elle-même depuis peu au comte Esterhazy qu'en cas que sa cour serait attaquée par la Prusse ou par la France, elle l'assisterait de toutes ses forces, ayant placé pour le service de la cour de Vienne son armée en Courlande, en Livonie et sur les frontières de la Pologne; qu'elle l'emploierait avec plaisir pour secourir l'Impérairice-Reine ou ses autres alliés. Que l'armement des escadres danoises et suédoises5 suscitait toutes sortes de réflexions à Pétersbourg; que, quoique le ministre de Danemark6 eût déclaré au ministère russien que cet armement n'avait, de la part du Danemark, d'autre objet que la protection de son commerce, on croyait cependant que cette démarche se faisait en faveur de la France ou dans l'intention de disputer aux Russes le transport en Allemagne par mer; ou qu'enfin le dessein en pouvait être de transporter dans la Poméranie suédoise un corps de troupes suédoises, qui s'opposerait à la marche des troupes russiennes, en cas qu'elles la fissent par terre.



1 Nach dem Berichte Maltzahn's, Dresden 11. Juni, auf Grund von Berichten Prasse's an Brühl, Petersburg 12. April und 3. Mai.

2 Prasse.

3 Vergl. S. 356.

4 Das Folgende aus dem Berichte Prasse's an Brühl vom 3. Mai.

5 Vergl. S. 395. 409.

6 Johann Lothar von Maltzahn.