<461>lingk en date du 15 du passé,1 et dont lui, comte Flemming, avait rendu compte précédemment, appuyait cette opinion, et qu'il y était confirmé par une autre lettre du comte Keyserlingk du 19, dans laquelle le grand-chancelier Bestushew avait témoigné de la peine de ce que le comte Keyserlingk dans ses rapports continuait de donner le tort à la cour de Vienne, en lui insinuant qu'il devait s'en tenir simplement à la lettre des ordres qu'on lui avait expédiés, et rapporter uniquement le sentiment des ministres autrichiens, sans entrer en aucune discussion avec eux. Qu'au reste le Grand-Chancelier s'était contenté, après beaucoup de protestations d'amitié, de recommander surtout de la prudence au comte Keyserlingk, sans blâmer autrement ses principes. Qu'en attendant il y avait lieu de présumer que les deux cours impériales avaient concerté entre elles que la Russie, pour masquer d'autaut mieux les véritables raisons de son armement, le fasse sous le prétexte apparent de se mettre en état de satisfaire aux engagements qu'elle avait contractés avec la Grande-Bretagne par le traité de subsides, en cas qu'il en fût besoin, et que, dès que les préparatifs seraient achevés, on tomberait inopinément sur le roi de Prusse. Que, si l'on combinait ces suppositions avec l'article second de la convention que l'on prétendait que la cour de Vienne avait signée avec la France, on pouvait en conclure qu'à Vienne on avait pris le parti d'exposer et d'abandonner l'Angleterre au ressentiment de la France et qu'en échange on se soit, stipulé que la France, loin de mettre obstacle aux entreprises que l'on méditait contre la Prusse, les faciliterait plutôt, en faisant passer le Rhin à un corps considérable de ses troupes, pour envahir l'électoral d'Hanovre, afin d'obliger le roi de Prusse à remplir ses engagements avec le roi d'Angleterre ou, du moins, à tenir une partie de ses forces de ce côté-là, pour couvrir son propre pays, ce qui donnerait une liberté entière aux deux cours impériales de l'entamer avec avantage. D'un autre côté, que ceci s'accordait encore avec les appréhensions, ainsi que le comte Brühl lui avait marqué, qu'on reprenait en Angleterre relativement à l'électorat d'Hanovre; que, cependant, les considérations ci-dessus alléguées rendant ces suppositions assez problématiques, et la Czarine, qui n'était pas trop ferme dans ses résolutions, pouvant bien d'ailleurs changer tout à coup d'idée, lorsqu'il s'agirait de les mettre en exécution, il semblait qu'on ne saurait en augurer si bien qu'on se l'imaginait peut-être à Vienne. Qu'à ces considérations il fallait ajouter que le roi de Prusse, pouvant avec un nombre fort inférieur de troupes arrêter et retarder les Russes dans leur marche, saurait rendre leurs opérations infructueuses pour cette année, d'autant plus que la saison était déjà fort avancée, ce qui, en dérangeant indubitablement les mesures prises à cet égard, ferait échouer tout le projet et mettrait le roi de Prusse à même de pouvoir employer la plus grande partie de ses forces contre la cour de Vienne et l'obliger peut-être à faire la paix avant même l'arrivée des Russes. Qu'un autre embarras était que la cour de Russie aurait de la peine à faire agir hors des frontières un corps aussi considérable de troupes, dès que les subsides anglais cesseraient, lesquels la cour de Vienne n'était certainement pas en état de remplacer; à quoi on avait aussi probablement réfléchi en Russie, quand on avait ordonné au comte Keyserlingk de procurer à la cour de Russie une spécification exacte de tous les revenus dont jouissait celle de Vienne. Que tous ces inconvénients, qui déjà étaient de nature à rendre fort douteuse l'exécution du projet en question, s'augmentaient encore beaucoup par la situation du pays de là-bas, laquelle certainement n'était rien moins qu'avantageuse pour d'aussi vastes desseins. Que cependant on ne remarquait que trop à Vienne qu'on voulait se mettre au-dessus de toutes ces difficultés-là et qu'on n'y songeait qu'à donner une nouvelle face aux affaires de religion dans l'Empire2 et à reconquérir la Silésie, qu'on s'imaginait de pouvoir faciliter ces desseins en favorisant beaucoup les intérêts des puissances et princes catholiques, afin de se faire par là un parti puissant parmi les princes catholiques, tant au dedans de l'Allemagne qu'au dehors, et qu'il semblait surtout qu'outre la France et la Russie on y comptait beaucoup sur le zèle de l'Espagne. Qu'il ne savait cependant pas si la“



1 Vergl. S. 415.

2 Vergl. S. 409. 423.