7592. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

Finckenstein berichtet, Berlin 19. Juni, über eine Unterredung von demselben Tage mit dem grossbritannischen Minister, welchem er die durch den Erlass vom 17. Juni435-3 aufgetragenen Mittheilungen gemacht hat: „Je lui ai fait sentir … la nécessité absolue qu'il y avait pour l'Angleterre de faire les plus prompts et les derniers efforts pour s'assurer de la Russie. Je lui ai dit à cette occasion que le mal était pressant mais qu'il n'était pas sans remède; que l'argent faisait tout dans ce pays-là, mais qu'on y demandait des sommes considérables; que, selon mes petites idées, il faudrait gagner les Schuwalow, à quelque prix que ce fût, inspirer de la jalousie au Grand-Chancelier sur l'union de la France avec le Danemark et la Suède,435-4 qu'il hait dans le fond de son cœur, et lui faire sentir que la Russie jouirait toujours un rôle brillant, tant qu'elle resterait avec l'Angleterre, au lieu qu'en s'unissant avec les cours de Vienne et de France, elle ne figurerait qu'en second ou même en troisième; que j'étais persuadé que, si ces arguments, plausibles par eux-mêmes, étaient appuyés par le puissant motif de livres sterling et que le tout fût présenté par une main adroite, cela ne pourrait guère manquer de produire l'effet désiré; mais qu'il ne fallait pas y compter tellement qu'on ne songeât en même temps et dès à présent aux moyens de se mettre en sûreté, la Russie venant à manquer, contre un parti si puissant et si supérieur, et que Votre Majesté souhaiterait par conséquent qu'on ne tardât pas à se concerter, pour n'être pas pris au dépourvu, puisqu'il y avait à parier que la cour de Vienne commencerait la guerre dès le printemps prochain, si elle parvenait à s'assurer de la Russie.

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Le sieur Mitchell me dit qu'il sentait toute la force et toute la solidité de ce raisonnement et qu'il me priait d'assurer Votre Majesté qu'il avait agité et quasi épuisé cette matière, dans toutes ses lettres depuis plusieurs ordinaires et encore par son courrier d'hier; mais que cela n'empêcherait pas qu'il ne revînt à la charge dès aujourd'hui, et qu'en faisant usage des différentes communications qu'Elle avait eu la bonté de lui faire, il marquerait au lord Holdernesse que Votre Majesté avait pensé à eux au milieu de Son camp de Magdebourg, qu'Elle pensait mieux pour eux qu'ils ne faisaient eux-mêmes, et qu'ainsi il les conjurait d'y songer sérieusement à leur tour et de lui donner des instructions détaillées sur les objets intéressants dont il s'agissait, afin qu'il pût satisfaire Votre Majesté sur tous les points et dans tous les cas qui pourraient arriver. Il ajouta que, comme Votre Majesté voulait bien le laisser le maître de faire usage ou non d'une certaine insinuation à faire en Russie,436-1 il croyait qu'il ne fallait pas l'hasarder à présent, mais qu'il ne la perdrait pas de vue, pour en tirer parti dans le premier moment favorable qui se présenterait. Il me pria de remercier très humblement Votre Majesté des avis qu'Elle avait eu la bonté de lui communiquer sur les desseins de la France contre les îles britanniques;436-2 avis qu'il ferait valoir comme une marque bien signalée de Son amitié, et qu'il La pouvait assurer d'avance de la reconnaissance de son maître et de sa nation. Enfin, en parcourant avec moi le tableau de l'Europe, il me chargea aussi d'assurer Votre Majesté que tous les bruits que les Autrichiens et les Français faisaient courir au sujet de l'Espagne, étaient destitués de fondement, que le sieur Keene, qui était un habile homme, mandait encore par ses dernières lettres qu'on pouvait compter sur cette cour, et qu'il y ajoutait d'autant plus de foi qu'il n'était pas de l'intérêt de l'Espagne d'abandonner l'Angleterre, tant que la France avait la supériorité, et que Minorque n'était d'ailleurs pas un assez grand objet pour la tenter.“

Finckenstein berichtet, Berlin 20. Juni, dass er dem grossbritannischen Minister die durch Erlass vom 19. Juni436-3 ihm aufgetragenen Mittheilungen gemacht hat: „Je lui répétai l'article de la flotte et lui fis sentir combien il importait à Votre Majesté de savoir à quoi S'en tenir et sur quel secours Elle pouvait compter de la part de l'Angleterre, en cas de besoin. Il me répondit qu'il espérait d'être dans peu en état de dire quelque chose de positif et de satisfaisant à Votre Majesté sur ce sujet. Je dis, enfin, au sieur Mitchell que Votre Majesté S'était souvenue à cette occasion de la réponse piquante que l'Impératrice-Reine avait faite au sieur Keith, lorsqu'il lui avait communiqué la convention de neutralité; que tout ce qui se brassait aujourd'hui, fournissait la solution de cette énigme, qui n'avait voulu dire autre chose sinon qu'on taillerait une si belle besogne à Votre Majesté du côté de la Russie qu'Elle ne serait pas en état de secourir le pays d'Hanovre, lorsque la France voudrait l'attaquer; et qu'Elle avait toutes les raisons du monde de croire qu'il s'agissait, dans le cas de cette attaque, d'un concert entre la France, la cour de Vienne et la Russie, pour La tenir en échec par de puissantes armées du côté de la Prusse et de la Silésie, et pour engager même la Russie de Lui faire quelque déclaration menaçante, pour L'empêcher d'assister le roi d'Angleterre. Le sieur Mitchell m'avoua que ce plan lui paraissait très probable, et je n'ai pas eu de peine non plus à le faire convenir de la conséquence qui en résultait, et de la nécessité qu'il y avait de tâcher dans une conjoncture si critique de gagner le plus d'amis qu'on pourrait, et surtout les Turcs et les Danois, s'il y avait la moindre possibilité à y réussir.“

Potsdam, 21 juin 1756.

J'ai vu avec satisfaction tout ce que vous m'avez marqué par votre rapport du 19 de ce mois au sujet du dernier entretien que vous avez eu avec le sieur Mitchell, et de la façon dont il s'est expliqué sur la conjoncture présente des affaires.

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Vous lui direz purement que j'étais dans de grandes appréhensions que les soins qu'on employait pour ramener la Russie à l'Angleterre, soient trop tard, et que je craignais que la première ne fasse que nous amuser encore, pour qu'en attendant nous manquassions le temps pour prendre d'autres liaisons efficaces; ce qui cependant était le plus nécessaire dans le moment présent.

Vous verrez par la copie ci-jointe d'une lettre que je viens de recevoir du ministre Schlabrendorff, et que vous mettrez en français, pour la faire lire au sieur Mitchell, ce qu'il me marque au sujet des arrangements militaires que les Autrichiens prennent actuellement en Bohême et en Moravie. Cet avis est conforme à ce que le sieur de Klinggrseffen nous a marqué à ce sujet par la dernière dépêche que nous avons eue de lui,437-1 et encore à d'autres qui me sont revenus, de sorte qu'il ne faut nullement douter de leur authenticité. Ainsi vous direz au sieur Mitchell que d'ici en deux mois j'aurais trois camps considérables des Russes et des Autrichiens sur mes frontières.

J'ai réfléchi sur l'intention que la cour de Vienne saurait avoir en ceci, et je n'ai trouvé que deux choses, savoir qu'en premier lieu cette cour voudra entreprendre l'automne qui vient l'élection d'un roi des Romains en faveur de l'Archiduc aîné, et que, craignant peut-être que je ne sache traverser cette affaire, elle voudra me tenir en échec par ces deux grands corps d'armée qu'elle fera camper sur mes frontières. Le second but peut être qu'elle voudra instiger la Russie, pour m'attaquer en Prusse, et pour me tomber alors sur le corps de son côté dans ce pays-ci, en traversant la Saxe, selon le projet que ladite cour, à ce que je sais, a pris.

En communiquant tout ceci au sieur Mitchell, vous finirez par lui dire que, quoiqu'il n'y ait pas de fait encore un nouveau traité entre nous, je me confiais, nonobstant cela, à l'Angleterre et à son assistance qu'elle me prêtera. J'attends le rapport que vous me ferez sur la façon dont le sieur Mitchell se sera expliqué sur ceci.

Quant au rapport que vous m'avez fait du 19 de ce mois touchant les instances du comte Puebla au sujet de son secrétaire échappé, vous lui direz que j'avais donné mes ordres pour faire des perquisitions contre celui-ci et de l'arrêter, s'il se trouve au lieu que lui, comte Puebla, m'avait indiqué, comme vous le verrez par la copie ci-jointe [de l'ordre] que j'ai donné en conséquence,437-2 et que c'était tout ce que l'on saurait raisonnablement prétendre de moi, et qu'au surplus je donnerais mes ordres au sieur Kircheisen,437-3 pour qu'on examinât la belle-mère437-4 sur le lieu où son gendre saurait se trouver actuellement. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

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P. S.

Pour vous répondre encore au rapport que vous m'avez fait du 20 de ce mois, il ne me reste rien à vous dire au delà de ce que je vous ai répondu dans cette lettre, sinon que vous insinuerez au sieur Mitchell que, si j'étais alerte, c'était bien que le danger m'était imminent et présent, puisque je voyais bien que c'était en haine de ma convention faite avec l'Angleterre et par dépit de ce que la France n'avait pas pu agir, comme elle l'avait souhaité, contre les États d'Hanovre, qu'on méditait de s'en ressentir contre moi, et que par cette raison-là je souhaitais infiniment de savoir ce que je saurais attendre de l'Angleterre, pour soutenir efficacement mes engagements pris avec elle.

Mit438-1 der letzten Post erhalte ich die Nachricht, dass vor kurzem in Mähren ein jedes Dominium eine zuverlässige Liste von dem vorräthig habenden Getreide übergeben und dabei anzeigen müssen, wie viel es davon zur eigenen Nothdurft gebrauche und wie viel mithin zum Verkauf übrig bleibe; wobei denenselben anbefohlen worden, nicht das mindeste davon zu verkaufen, sondern alles wohl zu asserviren, weil nächstens ein Corps d'armée dort einrücken und davon seine Subsistance nehmen würde.

Ferner ist Mir gemeldet worden, dass die in Ungarn stehende Cavallerieregimenter beordert wären, nach Mähren und der Gegend zu marschiren, und es sollten wirklich einige derselben schon auf dem Marsche begriffen sein, wie dann auch nächstens noch mehr Husaren auf den Grenzen ankommen würden.

An der Fortification von Olmütz werde fast Tag und Nacht von 2,000 Mann vom Lande und 62 Mauerers gearbeitet und viele Ammunition dahin geschaffet, ungleichen zu Königgrätz, Pardubitz und Chrudim eine grosse Anzahl Rüstwagens verfertiget, auch einiges Getreide der Orten aufgekaufet, und bei Chlumetz sollte ein Corps von 8,000 Mann, wie es heisset, zur Revue zusammengezogen werden, und endlich wäre ohnlängst die ganze Grenze, besonders das Gebirge, von dem österreichischen General Browne und einigen Ingenieurs bereiset und alles recognosciret worden. Es sollte auch von ihm ein Lager für 30,000 Mann bei Königgrätz, einige sagen auch bei Politz, vier Meilen von Landshut, abgestochen sein; nachdem gedachter General das ganze Gebirge durchritten und die berühmte Steinfelsen zu Adersbach besehen, sei er nach Prag zurückgegangen.

Nach der Ausfertigung. Die Beilage nach Abschrift der Cabinetskanzlei.



435-3 Vergl. Nr. 7574 S. 417.

435-4 Vergl. S. 419.

436-1 Vergl. S. 408. 417.

436-2 Vergl. S. 418.

436-3 Vergl. Nr. 7582 S. 428.

437-1 Nr. 7595.

437-2 Die Ordre ist abgedruckt am Schluss der Flugschrift „Kurze Abfertigung der sogenannten Beantwortung des wienerschen Hofes auf das Königlich preussische Manifest. Berlin 1756.“

437-3 Die Antwort Kircheisen's nebst dem Verhörsprotocoll datirt Berlin 23. Juni.

437-4 Verwittwete Bürgermeister Witte.

438-1 Nach dem Berichte Schlabrendorff's, Breslau 15. Juni.