<127>

7759. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Berlin, 26 juillet 1756.

J'ai reçu votre dépêche du 13 de ce mois, et je me suis entretenu avec le sieur Mitchell sur les matières qu'elle renferme.1 Il s'est chargé d'en faire rapport au ministère anglais, de sorte que je m'y réfère, pour ne pas répéter ici des choses sur lesquelles je me suis déjà suffisamment expliqué envers ledit sieur Mitchell. Seulement y ajouterai-je une circonstance dont la connaissance vous est absolument nécessaire, savoir que je viens de découvrir2 de la manière la plus authentique que les Autrichiens et les Russes ont tramé ensemble un complot contre moi, portant en substance que les deux cours impériales étaient convenues secrètement entre elles de tomber sur moi en même temps, savoir la cour de Vienne avec 80,000 et la Russie avec 120,000 hommes; mais qu'on assure cependant que celle-ci ne pouvait pas être prête pour un pareil dessein cette année-ci.

Quoi qu'il en soit, vous direz aux ministres d'Angleterre que, dans la situation critique et épineuse où je me trouvais, il ne me restait rien à faire que de prévenir ces gens-là,3 mais que, pour ne pas tomber dans le cas de devoir me faire des reproches, j'avais chargé mon ministre à Vienne de demander de ma part à l'Impératrice-Reine, dans une audience qu'il prendrait pour cet effet, ce qu'elle se proposait par les armements qu'elle faisait et s'ils étaient dirigés contre moi.

Qu'au reste il se pourrait assez que l'Angleterre fût peut-être assez heureuse que de réussir moyennant des corruptions à empêcher par le chancelier Bestushew que la Russie n'accédât au traité de Versailles, sans néanmoins que les deux cours impériales se désistassent pour cela du dessein de m'attaquer, comme le plan en avait été concerté entre elles, et qu'elles auraient même exécuté dès cette année, si la Russie n'avait cru n'être pas assez en forces pour cela en Livonie4 et qu'elle n'eût voulu porter premièrement par recrues le corps de troupes qu'elle y a, et qui peut se monter à environ cinquante et quelques mille hommes, au nombre de 75,000 jusqu'à 80,000 hommes,



1 Michell berichtet, London 13. Juli, Lord Holdernesse habe ihm mitgetheilt, dass Mitchell Befehl erhalten habe, dem Könige die Ansichten des englischen Hofes über die Gewinnung Hollands und über die Besorgnisse, welche die preussischen Rüstungen bei den Nachbarn erregen könnten, darzulegen. Vergl. Nr. 7758 S. 121. 122.

2 Vergl. S. 114. 115.

3 Vergl. S. 113.

4 Vergl. S. 114.