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part au succès des armes de l'Angleterre, sont fort étonnés que cette cour ne profite point de la contradiction que les projets de la France rencontrent auprès du gouvernement de Gênes, pour gagner cette cour de vitesse et s'emparer de l'île de Corse, au lieu d'attendre la fin de ce plaidoyer avec le phlegme qu'elle [l'Angleterre] a marqué jusqu'à présent; d'autant plus que la rentrée de M. de La Galissonnière dans le port de Toulon semble la mettre à portée d'exécuter ce projet de la manière la plus pacifique et sans coup férir. Il est certain que la conquête de cette île réparerait en quelque façon la perte que la Grande-Bretagne a faite de celle de Minorque, et que, moyennant cette nouvelle possession, son escadre pourrait séjourner dans les ports de la Corse pendant toute la durée de l'hiver, sans être obligée d'abandonner la Méditerranée à son approche, comme elle s'y trouverait forcée actuellement, la France ne pouvant tenter de la déloger de l'île, sans s'exposer à un combat.“

trice-Reine, vous devez savoir et vous le direz même partout où il sera convenable, que dès que j'appris qu'en conséquence d'un concert pris entre les deux cours impériales, on fit défiler en Russie beaucoup de troupes vers la Livonie, pour en augmenter le nombre de celles qui étaient déjà là et dans la Courlande, je fis marcher quelques régiments en Poméranie,1 pour les faire approcher des frontières du côté de la Prusse, mais aussitôt que j'eus la nouvelle que ces troupes de Russie avaient eu ordre de faire halte2 et de retourner en partie, je fis faire la même chose aux miennes, qui jusqu'à ce jour se cantonnent encore dans la Poméranie. Comme, en attendant, la cour de Vienne prit ce prétexte pour assembler force de troupes en Bohême et en Moravie, et qu'elle tira des régiments de la Hongrie, pour les faire marcher dans la Moravie et en Bohême, je tirai aussi à moi les régiments de Westphalie,3 et du depuis rien n'a remué parmi mes troupes, je n'ai assemblé aucun corps de troupes, ni formé aucun camp, et tous les régiments en Silésie sont resté tranquilles dans leurs garnisons, malgré que les Autrichiens ont fait marcher des régiments de Hongrie et des autres provinces encore, pour en former de gros camps en Bohême et en Moravie, pour tirer des cordons par des troupes légères sur mes frontières de la Silésie, enfin pour faire toutes les démonstrations de guerre. Comme je vis que les choses devenaient par là si sérieuses, je les ai prises de même plus sérieuses et ai fait faire des mouvements réels à mes troupes,4 et tout dépend à présent de la réponse que j'aurai de la cour de Vienne que j'attends encore pour prendre ma dernière résolution. Si cette réponse est telle que je l'ai demandée, claire et positive, que la Reine-Impératrice ne m'attaquera ni dans le cours de l'année présente, ni dans celle qui vient, alors la paix sera conservée, et je serai bien éloigné d'entreprendre la moindre chose contre la reine de Hongrie, ni contre ses alliés, mais si, au contraire, on élude ma question par quelque réponse vague et obscure, alors je me le tiendrai pour dit, et la guerre ne sera



1 Vergl. S. 5; Bd. XII, 463.

2 In der Vorlage verschrieben: hâte. Vergl. S. 15. 41. 114; Bd. XII, 479.

3 Vergl. S. 89.

4 Vergl. S. 205. 221. 222.