7822. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

[Potsdam], 9 [août 1756].

Ma très chère Sœur. J'ai très bien reçu les deux lettres que vous avez la bonté de m'écrire, la première du 26, l'autre du 30 de juillet. Je voudrais bien, si je le pouvais, défendre à votre imagination de vous inquiéter. Tous ces grands fantômes qui vous effraient, ma chère sœur, brilleront beaucoup dans les gazettes. Dans le fond, ils ne sont pas fort à craindre, et vous verrez que la montagne, en enfantant, accouchera d'une souris. Ni tout le bien, ni tout le mal que l'on prévoit, n'arrive; il faut tranquilliser son esprit et attendre l'évènement, et lorsque l'on est acteur, travailler avec vigilance, penser lentement et exécuter avec vivacité; et alors on trouve le moyen de déranger les plus dangereux projets. Ne soyez point en peine pour moi; je crois la guerre inévitable, j'attends le dernier mot de la reine de Hongrie:195-1 ce sera elle qui choisira de la paix ou de la guerre, ce qu'elle jugera le mieux lui convenir.

Les affaires de Suède ne sont pas tout-à-fait aussi désespérées que vous le croyez, mais elles ne laissent pas que d'être très mauvaises. Je ne saurais excuser la conduite de ma sœur,195-2 elle met dans toutes ses actions trop de hauteur jointe à beaucoup d'imprudence. Si elle continue encore de ce train, on pourrait fort bien la renvoyer de Suède. 195-3

Adieu, ma chère sœur, je vous embrasse mille fois, en vous conjurant de vous tranquilliser par amitié pour un frère qui vous adore, et qui ne cessera d'être, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



195-1 Vergl. Nr. 7795.

195-2 Vergl. S. 154. 155.

195-3 Vergl. S. 173.