7955. AU ROI DE POLOGNE A DRESDE.

Schreiben des Königs von Polen, Dresden 29, August: „Monsieur mon Frère. Le ministre de Votre Majesté à ma cour venant de faire la réquisition pour le passage de Ses troupes par mes Etats pour aller en Bohême,320-2 je l'ai accordé, espérant que Votre Majesté fera observer une exacte discipline. Aussi envoié-je vers Votre Majesté mon lieutenant-général et commandant du corps des Suisses, sieur de Meagher,320-3 pour mieux concerter tout ce qui est relatif à cette marche, et en régler l'exécution. Je n'ai, d'ailleurs, pu qu'être fort surpris de quelques déclarations inattendues et peu conformes au traité de paix et à l'amitié qui subsiste entre nous, que le baron de Maltzahn y a ajoutées au nom de Votre Majesté; mais j'espère qu'Elle voudra bien S'expliquer envers le susdit lieutenant-général, sieur de Meagher, d'une façon à me rassurer entièrement là-dessus. Je m'y attends en toute confiance et suis avec la plus parfaite estime et considération, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère

Auguste Roi.

Pretzsch, 1er septembre 1756.

Monsieur mon Frère. Les inclinations que j'avais pour la paix, sont si notoires que tout ce que je pourrais dire à Votre Majesté, ne les prouverait pas davantage que la convention de neutralité que j'ai signée avec le roi d'Angleterre.320-4 Depuis ce temps, par différents revirements de système, la cour de Vienne a cru trouver le moment favorable pour mettre en exécution des desseins que depuis longtemps elle couvait contre moi. J'ai employé la voie de la négociation, la<321> croyant la plus convenable pour dissiper des soupçons réciproques, auxquels différentes démarches de la cour de Vienne avaient pu donner lieu. La première réponse321-1 que j'ai reçue de la cour de Vienne, est si obscure et énigmatique qu'aucun prince qui veut pourvoir à sa sûreté, ne peut s'en contenter. La seconde321-2 était conçue avec tant de hauteur et de mépris qu'elle devait offenser l'indépendance de tout prince qui a son honneur à cœur, et quoique je n'aie insisté que sur des assurances que j'exigeais de l'Impératrice-Reine, d'être sûr contre les321-3 entreprises qu'elle pourrait faire contre moi cette année-ci et l'année qui vient, elle n'a pas daigné répondre à une demande si importante. Ce refus m'a obligé, malgré moi, de prendre le parti que j'ai cru le plus propre pour prévenir les desseins de mes ennemis; cependant, tant pour l'amour de la paix que par esprit d'humanité, j'ai encore ordonné à mon envoyé à Vienne de faire de nouvelles représentations à cette cour,321-4 en lui faisant sentir que, sa dernière réponse étant non seulement conçue en termes très peu mesurés, mais encore remplie d'une mauvaise dialectique, qui ne répondait point à ce que je lui demandais, je me mettais en mouvement d'un côté, mais que, si encore l'Impératrice voulait me donner la sûreté que je lui demandais pour cette année et l'année qui vient, elle pouvait compter que je sacrifierais volontiers toutes les dépenses d'un commencement de guerre à la tranquillité publique, mais que, de plus, je consentirais incessamment à mettre les choses sur le pied de la paix.

Voici la véritable situation où je me trouve. Ce n'est ni la cupidité, ni l'ambition qui dirigent mes démarches, mais la protection que je dois à mes peuples, et la nécessité de prévenir des complots qui deviendraient plus dangereux de jour en jour, si l'épée ne tranchait ce nœud gordien, lorsqu'il en est temps encore. Voilà à peu près toutes les explications que je suis en état de donner à Votre Majesté. Je ménagerai Ses États, autant que ma situation présente le permettra. J'aurai pour Elle et pour Sa famille toute l'attention et la considération que je dois avoir pour un grand Prince que j'estime, et que je ne trouve à plaindre qu'en ce qu'il se livre trop aux conseils d'un homme321-5 dont les mauvaises intentions me sont trop connues, et dont je pourrais prouver les noirs complots papier sur table.321-6

J'ai fait toute ma vie une profession de probité et d'honneur, et sur ce caractère qui m'est plus cher que le titre de roi, que je ne tiens que par le hasard de la naissance, j'assure Votre Majesté que, quand même dans quelques moments, surtout du commencement, les apparences me seront contraires, Elle verra, en cas qu'il soit impossible de parvenir à une réconciliation, que Ses intérêts me seront sacrés et qu'Elle trouvera dans mes procédés plus de ménagement pour Ses in<322>térêts et pour ceux de Sa famille que ne le Lui veulent insinuer des personnes qui sont trop au-dessous de moi pour que j'en daigne faire mention. Je suis avec la plus parfaite estime et considération, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère

Federic R.

Nach der Ausfertigung im Königl. Haupt-Staatsarchiv zu Dresden. Das Concept eigenhändig.



320-2 Vergl. Nr. 7915.

320-3 Vergl. Nr. 7952.

320-4 Vergl. Bd. XII, 503.

321-1 Vergl. Nr. 7795.

321-2 Vergl. Nr. 7914.

321-3 Eigenhändiges Concept: „toutes les entreprises“ .

321-4 Vergl. Nr. 7914.

321-5 Graf Brühl.

321-6 Vergl. S. 307—309.