7970. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION COMTE DE SOLMS A STOCKHOLM.

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Solms berichtet, Stockholm 20. August: „J'espère qu'à cette heure, il n'y a plus rien à craindre qu'on prenne un parti violent contre la Reine, ni aussi que Sa Majesté entreprenne quelque chose dans le moment présent. Dans la situation où les affaires sont actuellement, personne n'y voudra entrer, ni le pourra, parceque le parti de la cour est à regarder comme entièrement écrasé. Mais, selon toutes les apparences, cette tranquillité ne durera pas longtemps; les divisions qui se manifestent en toutes les occasions, vont bientôt causer de nouveaux troubles dans le royaume. Ils donneront peut-être de nouvelles espérances à la Reine et lui feront hasarder une nouvelle entreprise.“

Torgau, 3 septembre 1756.

J'ai bien reçu la dépêche que vous m'avez faite du 20 d'août, par laquelle j'ai vu avec satisfaction que les choses ont pris une telle tournure en Suède que vous avez lieu d'espérer qu'il n'y aura plus à craindre [pour la Reine]. Quant aux appréhensions que vous avez qu'elle saurait de nouveau hasarder, à l'occasion des présentes divisions qui déchirent la Suède, quelque nouvelle entreprise, toute hasardeuse qu'elle fût, je vous dirai qu'il ne faut pas que vous vous lassiez à lui inspirer des sentiments de modération, à quel sujet vous lui direz expressément de ma part que, malgré que, vu ma situation présente, je ne saurais rien faire pour elle, je ne laissais pas de travailler pour elle, et que je n'étais pas sans espérance de prendre des arrangements avec l'Angleterre et la Russie, pour que le Roi ne soit pas opprimé par le Sénat,334-4 mais que tout au contraire l'autorité royale soit augmentée; mais que, pour y réussir, il était d'une nécessité indispensable que la Reine restât tranquille et qu'elle ne remuât pas le moindrement, sans quoi tout serait gâté, et toutes mes espérances pour lui aider seraient ruinées sans retour. Qu'ainsi je priais ma sœur au nom de Ciel de se tranquilliser et de ne se mêler présentement

 

d'aucune affaire qui lui saurait porter préjudice. Qu'elle se souviendrait que je lui avais prédit335-1 que, pourvu qu'elle se tiendrait tranquille et ne se mêlerait pas de faire des partis, il arriverait de soi-même des divisions entre ceux qui avaient pris le dessein de ruiner l'autorité royale, que c'était à présent le moment où ce que je lui avais prédit, commençait à se vérifier, que tout irait bien, à moins qu'elle restât tranquille et ne se mêlât de rien, que j'espérais alors tout des arrangements que j'avais pris, dont je ne saurais pas présentement marquer le détail, jusqu'à ce que les choses seraient plus arrangées, mais que ce serait une condition, pour ainsi dire, sine qua non qu'elle ne remuât rien de sa part.

Federic.

Nach dem Concept.



334-4 Vergl. Bd. XII, 330.

335-1 Vergl. Bd. XII, 364.