8199. AU MARQUIS D'ARGENS A BERLIN.

[Lobositz, octobre 1756.]528-1

Mes troupes, mon cher Marquis, ont fait des efforts de valeur. Pour moi, pauvre philosophe, je n'y ai été que pour ce qu'est un homme sur vingt-cinq mille. Vous badinez de la famine des Saxons; mais il faut bien prendre ces gens par un bout, et c'est bien la façon d'apprivoiser un Luculle que de lui faire faire abstinence. J'ai reçu votre première lettre; je n'y ai point répondu, parceque j'étais par monts et par vaux. J'ai laissé l'abbé528-2 en Saxe, ne voulant pas souiller ses mains pures de sang catholique. La tête a tourné aux Français; il n'y a rien de plus indécent que les propos que l'on tient sur mon compte.528-3 On dirait que le salut de la France tient à la maison d'Autriche, et les larmes d'une Dauphine ont été plus éloquentes que mon manifeste contre les Autrichiens et les Saxons. Enfin, mon cher, je déplore les suites du tremblement de terre qui a renversé toutes les cervelles politiques de l'Europe, et je vous souhaite tranquillité, santé et contentement. Adieu.

Federic.

Nach dem Abruck in den „,Œuvres de Frédéric le Grand“ tom. 19, p. 41.



528-1 Dieses Schreiben erwidert eine Zuschrift des Marquis, d. d. Potsdam 4. October, und wird das im Text gegebene des Königs von d'Argens am 17. October beantwortet. Vergl. „,Œuvres de Frédéric le Grand“ tom. 19, p. 40. 42.

528-2 De Prades.

528-3 Vergl. Nr. 8198.