8228. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.

Quartier général de Struppen en Saxe, 17 octobre 1756.

Le feld-maréchal général de Dossow m'ayant communiqué l'avis que vous lui avez donné touchant l'avertissement qui vous est parvenu555-1 de la marche d'un corps de troupes autrichiennes des Pays-Bas, qui devait être joint par un autre des Français, pour entrer dans ma Gueldre, je veux bien vous dire que je crois cet avis peu fondé et prématuré encore, vu que toutes mes lettres de France m'assurent qu'il n'y a d'autre mouvement parmi les troupes françaises que celui qu'elles se doivent assembler à Strasbourg en Alsace,555-2 pour passer de là par l'Empire en auxiliaire de la reine de Hongrie. D'ailleurs, je ne vois pas de quelle utilité devait servir aux Autrichiens une démarche de si peu de succès, vu la saison avancée, sinon que d'exciter la jalousie de la république de Hollande, qui ne saura voir d'un œil indifférent passer jusque là les forces combinées de ces deux puissances. Quoi qu'il en soit, vous ne laisserez pas de remercier toujours le canal dont cet avertissement vous est venu.

Au surplus, supposé que ledit cas existât, mon embarras en serait à présent d'autant moins [grand] que je viens de finir ici ma campagne de Saxe et que la capitulation avec le roi de Pologne par rapport aux troupes saxonnes vient d'être faite et conclue, en sorte qu'elles se rendront prisonnières de guerre et entreront demain à mon service, pour m'en servir contre mes ennemis; auquel sujet je vous fais communiquer ciclos quelque détail raccourci préalablement.555-3

Federic.

Nach dem Concept.

<556>

Relation.

Le 16 d'octobre les généraux majors saxons Dyherrn et Spcercken vinrent au quartier du Roi à Struppen offrir la capitulation pour les troupes saxonnes, signée par le maréchal comte Rutowski, que le Roi son maître avait muni de pleins-pouvoirs à ce sujet.556-1

Il fut convenu et accordé:

Que toute l'armée saxonne sans exception se rendrait prisonnière de guerre avec armes, canons p., bagage, sauf des généraux et officiers.

Que tous les généraux et officiers garderaient leurs épées; qu'ils s'obligeraient de ne point porter les armes contre le Roi pendant tout le temps de la guerre présente; qu'ils auraient la liberté de se retirer où ils voudraient, à condition de ne pas quitter leur séjour sans l'agrément du Roi et de ne rien faire contre son gré.

Qu'il serait libre aux troupes de passer au service du Roi, et que, quant aux officiers, ceux qui voudraient entrer à son service, devaient en avoir la pleine liberté.

Que timbales, étendards et drapeaux se transporteraient au Kcenigstein, mais point les armes, ni canons des régiments, ni munitions de guerre, ni tentes.

Que ceux qui serviraient le Roi, seraient payés sur les perceptions les plus claires des contributions, et que, quant aux généraux, le Roi les traiterait en gens qui ont servi avec honneur, et qu'il serait facile de pourvoir à leur subsistance.

Il fut d'ailleurs convenu par une convention séparée :556-2

Que la forteresse de Kœnigstein resterait à la disposition du roi de Pologne, mais qu'elle observerait pendant tout le cours de la guerre la plus exacte neutralité et ne protégerait en aucune façon des partis de l'ennemi qui pourraient venir se réfugier sous ses canons; que la garnison ne serait augmentée au delà de son nombre présent et que cette forteresse ne mettrait d'ailleurs aucun obstacle ni empêchement au libre passage de l'Elbe.

Que tous les officiers de l'armée saxonne qui voudraient entrer au service du Roi, auraient leur congé par le maréchal Rutowski, qui serait autorisé de le leur faire expédier de la part du Roi son maître.

Le 17 et les jours suivants, les régiments défilèrent du poste de Lilienstein, dont la plupart firent d'abord serment au Roi. Quant au roi de Pologne, il partit de Kœnigstein pour passer à Varsovie, en prenant la route par la Silésie.


Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.

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555-1 Hellen hatte die bezüglichen Nachrichten durch den Prinzen Ludwig von Braunschweig im Haag erhalten und durch ein Schreiben, Haag 11. October, den Feldmarschall Dossow in Wesel davon in Kenntniss gesetzt.

555-2 Vergl. S. 528.

555-3 Vergl. S. 556.

556-1 Vergl. Nr. 8211.

556-2 Die folgenden Ereignisse gehören meist erst dem 18. October an (vgl. S. 559). In obiger Form konnten sie allenfalls auch schon am 17. mitgetheilt worden sein, wahrscheinlicher aber ist, dass die Relation erst am 18. angehängt und der Erlass, trotz des Datums vom 17., erst am 18. abgegangen ist.