<122>

4° Il est sûr qu'en examinant les projets de la France pour la campagne prochaine,1 l'Allemagne aussi bien que particulièrement le pays d'Hanovre ont tout à craindre de l'invasion des Français; la cour de Vienne et celle de Versailles, qui, par leur puissance et leur liaison, se croient dans le moment présent à même de donner des lois à l'Europe, se trouveront confirmées dans cette espérance, si personne ne se prépare pour leur résister.

L'électorat d'Hanovre peut fournir 24,000 hommes, la Hesse en fournit 8,000, mais elle pourrait en donner 12,000, si l'on voulait augmenter les subsides; le duc de Brunswick 5,000, celui de Gotha 3,000. Ce qui ferait 44,000 hommes. Si les Hollandais n'en joignent que 20,000, cela en ferait 64,000, et si la Prusse se trouvait sûre de la Russie, elle pourrait ajouter quelque chose à ce nombre.2 Ces troupes, portées vers le Rhin au mois de mars, feraient certainement changer la face des affaires et seraient capables de déconcerter en grande partie les projets des Français; mais en négligeant à présent les arrangements à prendre tant pour l'assemblée de l'armée que la formation des magasins, on ne peut s'attendre qu'à des évènements fâcheux, et dont les suites funestes donneront lieu à une paix honteuse et flétrissante pour les alliés.

5° Pour faire diversion à tant de forces, on croit que le roi de Sardaigne ne serait point inutile,3 ne pût-on le porter qu'à faire quelque augmentation dans ses troupes ou à remuer de manière à donner des inquiétudes aux Français et aux Autrichiens.

Ce qu'on exige de ce Prince, paraît entièrement compatible avec sa sûreté, d'autant plus que, les Français portant leurs forces sur le Rhin et les Autrichiens dans la Bohême, ce Prince est entièrement libre dans toutes ses actions.

6° Comme la conduite de la Russie paraît très indéterminée jusqu'à présent, et qu'il ne serait pas impossible qu'elle se laissât entraîner par les idées de la cour de Vienne et de celle de Versailles à des démarches vigoureuses et à des hostilités, l'on soumet au jugement éclairé du ministère britannique s'il ne serait pas nécessaire en pareil cas de se procurer une diversion de la part de la Porte,4 projet qui, s'il pouvait réussir, mettrait le roi de Prusse plus que jamais en état de seconder ses alliés.

Ce qu'on croit possible, si M. Porter dont le crédit est connu à la Porte,5 s'emploie efficacement à démontrer aux Turcs combien dangereuse est pour eux la liaison du nouveau triumvirat qui vient de se former en Europe; considération qui leur doit paraître d'autant plus importante que, si les Turcs agissent pendant la présente guerre, ils n'auront à faire qu'à une partie des forces de leurs ennemis, au lieu



1 Vergl. Nr. 8415.

2 Vergl. S. 60. 64; Bd. XIII, 609.

3 Vergl. Bd. XII, 514; XIII, 618.

4 Vergl. Bd. XII, 515; XIII, 619.

5 Vergl. Bd. XIII, 242.