8360. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A DRESDE.

Dresde, 24 novembre 1756.

Monsieur. Le Roi m'a ordonné de vous communiquer, Monsieur, la copie ci-jointe d'une nouvelle dépêche qui vient de lui arriver de Paris, dont je m'offre de vous faire lire l'original, dès que vous le désirerez.

Comme il en paraît que la France est plus déterminée que jamais de faire tout le mal possible également à l'Angleterre qu'au Roi, Sa Majesté, je crois, vous saurait infiniment gré, si à Son retour de Leipzig70-2 vous vouliez bien expliquer envers Elle à quel secours Elle pourra S'attendre de la part de la Grande-Bretagne, quand toutes ces<71> forces que la cour de Vienne, aidée aussi fortement par la France, assemblera en Bohême, tomberont sur le Roi.

Je suis, au reste, avec ces sentiments de respect et de considération que vous me connaissez, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Eichel.

Il vient71-1 de m'être confirmé que la cour de Vienne vient d'insister sur la prestation actuelle du corps auxiliaire,71-2 pour garantir la Bohême des entreprises que le roi de Prusse pourrait former cette année, dans la vue de prendre ses quartiers d'hiver dans cette province. L'on prétend que le comte de Starhemberg, aidé du comte de Bernis, se donne les plus grands mouvements pour faire passer en résolution les promesses qui lui ont été faites à ce sujet, et dont l'accomplissement paraît tenir extrêmement à cœur à l'Impératrice-Reine. Cependant, malgré tous les efforts que la faction autrichienne fait pour cet effet, l'on persiste à vouloir attendre les dépêches qu'on espère de recevoir incessamment du comte d'Estrées,71-3 auparavant de prendre une résolution definitive sur ce point. Mais comme l'on cherche à tranquilliser le comte de Starhemberg et à vouloir le convaincre qu'on travaille de bonne foi à tous les préparatifs nécessaires pour la marche du corps auxiliaire, les comités militaires qui se tiennent à la cour, deviennent journellement plus fréquents, et l'on remarque avec surprise que l'abbé de Bernis y est régulièrement appelé, quoique l'objet de ces conférences soit si éloigné de sa profession et si opposé aux connaissances qu'il peut avoir. Le temps de la marche du corps auxiliaire continue donc toujours à rester indécis, et les colonels ne savent pas encore quand ils joindront leur corps; mais l'on a fait différentes dispositions qui paraissent indiquer que le ministère la croit très prochaine et qu'elle aura certainement lieu cet hiver. On a expédié hier un ordre pour faire, le plus promptement qu'il sera possible, 24,000 gilets, pour lesquels on a fait un marché avec différents entrepreneurs. Le prince de Soubise fait travailler aussi à force à ses équipages, ainsi que le prince de Condé, qui a demandé la permission de faire la campagne en qualité de volontaire. L'on soupçonne généralement que la cour de France est enfin déterminée à céder aux instances de celle de Vienne, et il passe pour constant que les derniers ordres pour la marche du corps auxiliaire seront expédiés à l'arrivée du premier courrier du comte d'Estrées qu'on attend avec impatience. Je viens d'apprendre de fort bon lieu qu'il a paru ces jours passés un émissaire du Prétendant à la cour qui a eu différentes conférences avec le duc de Belle-Isle et autres membres du Conseil, qui font soupçonner qu'on pourrait bien avoir repris le projet d'une diversion contre les îles britanniques,71-4 d'autant<72> plus qu'on travaille à force à l'armement de l'escadre de Brest, qui sera en fort peu de temps en état de mettre à la voile. Le temps ne m'a pas encore permis d'approfondir cet avis, mais je ne négligerai rien pour m'en éclaircir. On apprend, au reste, par les dernières lettres d'Antibes que les troupes qu'on y avait embarquées pour la Corse, ont été obligées de rentrer le 29 du mois passé, à cause de la contrariété des vents; mais on espère qu'elles auront pu partir depuis ce temps.

Nach der Ausfertigung im British Museum zu London.



70-2 Der König war am 23. November von Dresden nach Leipzig gereist, besuchte am 24. das Schlachtfeld von Lützen und kehrte über Weissenfels (vergl. S. 69; 73) nach Dresden zurück.

71-1 Nach dem Immediatbericht Knyphausen's, d. d. Paris 12. November.

71-2 Vergl. S. 62.

71-3 Vergl. S. 39. 62. -

71-4 Vergl. Bd. XII, 508; XIII, 609.