8487. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

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Michell berichtet, London 14. December: „Le lord Holdernesse m'a . . . informé hier qu'il n'était pas encore autorisé à m'apprendre quelque chose de nouveau touchant les moyens ultérieurs à mettre en usage, pour réaliser les assurances qu'on avait données jusqu'ici à Votre Majesté; que l'on continuait à la vérité de penser de la même façon, qu'il avait eu ordre de me le déclarer précédemment, mais que, malgré ces bonnes dispositions et tous les mouvements qu'il se donnait aussi lui-même, pour que la nouvelle administration se décidât finalement sur les arrangements à prendre au sujet du continent, on n'en était venu avec cela à rien de précis à cet égard, tant à cause de l'incommodité du sieur Pitt, qui n'avait vu le Roi qu'une seule fois, depuis qu'il était secrétaire d'Etat,176-3 que parceque le reste de ses collègues étaient encore trop occupés des arrangements qui regardaient l'Angleterre en propre, pour songer, comme il serait à souhaiter, à ceux du dehors et de l'Allemagne en particulier; qu'il comptait cependant qu'on ne tarderait pas à prendre un parti définitif sur ce dernier point; que le Roi pressait même beaucoup pour qu'on le fît, et qu'ainsi il ne fallait pas douter que, d'abord que le chevalier Pitt serait assez bien pour sortir et pourrait

Dresde, 29 décembre 1756.

J'ai reçu par l'ordinaire dernier le rapport que vous m'avez fait du 14 de ce mois. J'en ai appris avec déplaisir que malheureusement les empêchements continuent encore là-bas pour que l'administration nouvelle puisse prendre un parti définitif sur les affaires du dehors et particulièrement de l'Allemagne, malgré que le Roi y pressait même beaucoup. Le temps que le ministère perd par là gratuitement à présent, sera une source de mille difficultés et embarras pour lui; car l'on ne saura pas disconvenir que, pourvu que les affaires du dehors de l'Angleterre aillent bien, celles de son intérieur ne peuvent que bien aller, et que le ministère est toujours à même de les tourner à son avantage, malgré les oppositions qu'il trouve; au lieu que, quand les affaires du dehors de l'Angleterre vont mal, celles de l'intérieur s'en ressentent

voir Sa Majesté, l'on ne convînt tout de suite de quelque chose de précis et principalement des sommes d'argent que le Roi aura à attendre de la nation, pour !e mettre à même de former et de faire agir une armée capable de s'opposer aux desseins dont les Français menacent l'Allemagne. Ce qui est dans le fond le véritable point sur lequel les ministres ne sont pas encore tombés d'accord avec le Roi, et ce qui empêche qu'on n'y travaille avec toute la promptitude qu'il serait à souhaiter et que les circonstances exigent.“

extrêmement. Au surplus, j'aurais souhaité que vous [vous] fussiez plus étendu sur les difficultés de convenir sur les sommes qu'il faut au Roi de la nation pour le mettre à même de former et de faire agir une armée capable de s'opposer aux desseins dont les Français menacent l'Allemagne, de sorte que vous m'expliquerez naturellement si peut-être les membres de la nouvelle administration sont encore dans les sentiments qu'on leur a attribués autrefois, qu'il ne fallait pas que l'Angleterre se mêlât des affaires du continent, mais qu'elle ne songeât qu'à soutenir celles de l'intérieur.

Au reste, par tout ce que je viens d'entendre de mon lieutenantgénéral comte de Schmettau de ses pourparlers avec les ministres d'Hanovre,177-1 je n'aurai à m'attendre qu'à de faibles secours de l'Angleterre, en sorte que j'appréhende fort que Sa Majesté Britannique n'en soit le sacrifice pour ses États d'Allemagne et qu'elle ne soit la première qui s'en ressentira.

Federic.

Nach dem Concept.



176-3 Vergl. S. 81.

177-1 Vergl. S. 175.