8804. A LA COMTESSE DE BRÜHL, NÉE DE KOLOWRAT, A DRESDE.

Die Gräfin Brühl schreibt, Dresden 31. März: „Sire. J'étais si pénétrée des bontés de Votre Majesté451-4 que je me croyais à l'abri d'encourir Sa disgrâce; cependant, le général Retzow vient de m'arrêter dans ma maison, sans pouvoir me dire pourquoi. Je me flatte qu'il me rendra témoignage avec quel respect et soumission j'ai reçu cet ordre qui m'est très sensible. Votre Majesté est trop juste de me condamner, sans écouter ma justification, et comment puis-je me justifier, si je ne sais de quoi on me croit coupable? Ce qui me fait le plus de peine, est le chagrin que la Reine ma maîtresse en ressentira, parceque je ne suis ici que pour être attachée à sa personne. Il est sûr que ma santé assez dérangée en souffrira un rude choc, mais la première considération l'emporte sur la seconde. J'attends avec soumission une réponse favorable de la justice et clemence de Votre Majesté, j'implore l'une et l'autre et suis etc.

Lockwitz, 1er avil 1757.

Madame la Comtesse de Brühl. J'ai reçu la lettre que vous avez voulu me faire le 31 du mois précédent; mais après tous les soupçons trop bien fondés qui me sont parvenus,451-5 je ne saurais plus user d'in<452>dulgence envers vous, ni permettre que vous restiez plus longtemps à Dresde, et il faudra vous résoudre de faire le voyage de Pologne, où quelques officiers commandés pour cet effet vous accompagneront le 4 de ce mois.452-1

Federic.

Il y a trop de soupçon contre vous, Madame, pour que je tolère plus longtemps votre séjour à Dresde ; ne pensez pas que l'on m'offense impunément : il n'y a rien de plus facile que de se venger, quand on le veut, il vous suffit de savoir que je le peux. Que votre mari et vous ne lassent pas ma patience, ou vous en ressentirez des effets terribles! Je veux bien, malgré cela, vous avertir que la Reine, les Français et les Autrichiens veulent culbuter votre mari. Si vous vous donnez la peine d'examiner la chose, vous la trouverez vraie. Ce n'est point que je veuille de son amitié, je le méprise trop,452-2 et je sais les moyens de vaincre mes ennemis ouverts et cachés, sans avoir recours à des bassesses et à des cruautés.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei. Der Zusatz in der Ausfertigung wahrscheinlich eigenhändig.



451-4 Vergl. Nr. 8766.

451-5 Vergl. Nr. 8854 S. 496.

452-1 Diesem ersten Theile des Schreibens liegt folgende eigenhändige Weisung des Königs, in dorso des Schreibens der Gräfin, zu Grunde: „Nach alle die fondirte Soupçons, die ich gegen ihr habe, kann ich sie nicht hier länger dulden, sondern werde sie mit einige commandirte Officiers den 4. April nach Polen schicken.“

452-2 Vergl. S. 161. 215.