<118> renversent, le reste des troupes étant trop éparpillé pour le soutenir d'abord efficacement.

Quant à ce que Votre Altesse me marque touchant quelque troupe de mes hussards à détacher là,1 j'avoue que je m'y prêterais du meilleur de mon âme, n'en fus-je pas encore empêché par deux obstacles que je ne puis vaincre présentement encore, savoir que non seulement la grande étendue de la circonvallation autour de Prague que j'ai à observer, mais outre cela les fréquentes escortes qu'il me [faut] donner pour les transports des vivres et fourrages indispensablement nécessaires pour la subsistance de mon armée, demandent absolument que je garde pour cet usage auprès de moi ce que j'ai de deux régiments de hussards, et d'ailleurs il y en a quatre auprès du prince de Bevern, détaché pour observer le corps d'armée sous les ordres de Leopold Daun, avec lesquels il est obligé de soutenir contre 10 régiments de hussards que l'ennemi leur oppose, et qui font avec un gros corps de pandours l'avant-poste du maréchal Daun. Mais Votre Altesse peut être assurée que, dès que je verrai plus de succès par rapport à la ville de Prague et qu'il me sera possible de pouvoir me passer de quelque troupe de mes hussards, je la lui enverrai très volontiers.

Pour vous marquer ce qui est arrivé ici pendant le temps de ma dernière lettre à Votre Altesse,2 je Lui dirai qu'il y a six jours que l'ennemi au nombre de 16,000 hommes à peu près fit pendant la nuit une sortie de la ville de Prague,3 de l'autre rive de la Moldau, sur le corps de l'armée sous les ordres du maréchal Keith, mais qu'il fut repoussé avec une perte de 1000 hommes qu'il laissa sur la place. C'était à cette occasion que mon frère Ferdinand reçut une blessure, quoique très légère, et qui ne signifie presque rien, à la joue.

Pour matin l'ennemi réitéra une sortie,4 avec une infanterie et cavalerie assez nombreuse, de mon côté; mais, pour son malheur, il vint entre mes redoutes, où il reçut d'abord en flanc un feu de canons, ce qui le fit incessamment rebrousser chemin, sans s'avancer à cette distance de 1500 pas qu'il lui fallait faire pour nous approcher, avec une telle confusion comme s'il avait été battu en bataille. Dans la ville nous lui avons brûlé jusqu'à présent par nos bombes deux ou trois de ses magasins, et si on peut ajouter foi à ce que ses déserteurs qui nous sont revenus, nous assurent, les eaux de la Moldau, qui s'étaient accrues soudainement par les grosses pluies qui étaient tombées à quelques lieux d'ici, ont inondé la plupart des caves de la ville et les casemates où l'ennemi avait des provisions de farines.

Notre feu d'artillerie a d'ailleurs brûlé et ruiné la plus grande [partie] de sa boulangerie de neuf fourneaux; il y a, au surplus, une grande partie des maisons de la ville, à la Neustadt et à l'Altstadt, brûlées, que l'on compte au delà de 100, de sorte qu'il y a des quartiers



1 Vergl. Bd.XIV, 276. 348.

2 Nr.8972.

3 Vergl. S. 74—76.

4 Vergl. S. 111.