<21> Prussiens marchèrent au delà de Biechowitz par des défilés et des marais, ce qui sépara un peu l'infanterie : elle attaqua avec trop de précipitation, ce qui fut cause qu'elle fut repoussée la première fois. Le maréchal de Schwerin, sans contredit le plus grand général de ce siècle, y fut tué, le drapeau de son régiment à la main. Dès que notre infanterie se fut jointe, elle attaqua de nouveau la droite des Autrichiens et l'enfonça. La cavalerie de notre gauche, après trois charges, obligea toute la cavalerie autrichienne qui était à la droite de l'armée, de prendre la fuite; notre centre mit d'abord l'infanterie autrichienne en déroute et la poussa à travers de son camp qui était encore tendu; notre gauche marcha vers Michle, de la cavalerie s'y joignit, et nous coupâmes l'armée autrichienne, dont la droite s'enfuit vers la Sazawa.

Alors notre droite attaqua la gauche de Monsieur de Browne, elle prit trois batteries placées sur des hauteurs qu'il fallut forcer successivement. La droite de notre cavalerie n'a point eu occasion de donner. Le prince Henri de Prusse et le prince de Bevern, qui chacun de leur côté ont fait des merveilles, ont pris deux batteries, le prince Ferdinand de Brunswick a pris cette gauche des Autrichiens en flanc, et comme le Roi avec sa gauche et un corps de cavalerie avaient déjà gagnés la Moldau, toute l'infanterie autrichienne fut obligée de se jeter dans Prague. Elle espérait d'en ressortir du côté de Kœnigsaal, mais l'armée du maréchal de Keith lui en bouchait le passage, de sorte qu'un gros corps d'infanterie, de cavalerie et de hussards s'y trouve renfermé.

On tâche à présent de les y resserrer le plus que possible et de les obliger à se rendre. Le colonel de Puttkammer, qui poursuit ceux qui se sont enfuis du côté de Beneschau, a fait donner avis que l'ennemi est tout débandé, qu'il fait nombre de prisonniers sur eux, et que tout le corps s'enfuit vers Budweis.

Nous avons fait beaucoup de prisonniers sur l'ennemi, jusqu'à présent leur nombre passe les 4000. Nous avons près de 60 de leurs canons, 10 étendards, 30 officiers, et il est encore impossible de rendre compte de tout dans ces premiers moments. Nous avons perdu 2500 hommes morts et près de 3000 de blessés. B est inutile de dire que nous regrettons beaucoup le maréchal de Schwerin. Le général Amstel a été tué, le général Winterfeldt, Fouqué et Hautcharmoy1 légèrement blessés, ainsi que le général de Blanckensee et de Plettenberg de la cavalerie. Le prince de Holstein, colonel du régiment de Würtemberg-infanterie, le colonel Goltz de Fouqué et Manstein d'Anhalt, ainsi que le lieutenant-colonel Rhoë2 ont été tués.

Voilà comment cette expédition s'est terminée, dont il faudra voir quelles seront les suites.

Eigenhändig.



1 Vergl. S. 17 Anm. i.

2 Nach den Akten der Königl. Geh. Kriegskanzlei ist Andreas Wilhelm von Rhoë seit dem 16. Februar 1757 Oberst im Regiment Lestwitz.