<241>tion présente. Vous avez vis-à-vis de votre armée Daun, j'ai vis-à-vis de moi Nadasdy; vous avez Morocz sur le flanc, et Kheul, s'il est détaché, marche, selon toutes les apparences, vers Landshut. D'un autre côté, les Suédois assemblent un corps de 17,000 hommes à Stralsund;1 les Français sont entrés en Hesse;2 on m'écrit que 8000 hommes ont passé le Wéser, qui seraient suivis d'autres 8000; je crois ces 16,000 hommes destinés à se joindre avec les troupes de l'Empire et pour marcher vers Halle ou vers Magdebourg.

Cette situation est certainement mauvaise; mais voilà ce que nous devons tâcher d'exécuter le mieux qu'il se pourra : vous de couvrir la Lusace et la Silésie; car si vous ne couvrez pas la Lusace, un essaim de troupes légères pénétrera, la flamme et le fer en main, jusqu'à Berlin; la Silésie, sans quoi le pays sera ruiné et les forteresses prises, faute d'être secourues. Je ne saurais vous prescrire la façon de l'exécution. Tout cela est très difficile; mais consultez avec les généraux que vous avez avec vous, et prenez le meilleur parti, selon que les circonstances l'exigent, pour quoi je ne vous gêne, ni sur vos positions, ni sur vos marches. Quant à moi, j'ai deux objets : l'un de couvrir les montagnes de la Saxe pour garder l'Elbe et mes magasins, l'autre de m'opposer à l'armée française et de l'Empire. Quant à la Poméranie, j'y lève 5000 hommes de garnison, et, pour soutenir Stettin, vous y enverrez le régiment de Bevern,3 et j'y enverrai de même deux bataillons.

Ceci n'est pas la fin de mon embarras; je reçois aujourd'hui la nouvelle que les Français ont pris Emden,4 et Lehwaldt m'écrit hier5 qu'il s'attend à la prise de Memel,6 que les Russes assiègent. Apraxin s'est retranché à Kauen, et la flotte et les galères font des descentes sur les côtes de la mer. Que tout ceci ne vous fasse point perdre courage; il faut à présent redoubler d'efforts; mais mon sentiment est de tâcher d'en venir quelque part à une décision par une bataille. Si nous n'en venons pas là, l'un et l'autre, avant la fin de la campagne, nous serons perdus.

Vous7 aurez apparemment reçu dans mes lettres précédentes ce qui regarde les régiments saxons, dont il faut compléter vos régiments.8 Vous avez donc Manstein, Wietersheim, les bataillons de grenadiers Kalenberg, Bœhr et Diezelsky à votre disposition; je permets aussi aux chefs des régiments de prendre les meilleurs enseignes et porte-enseignes dans leurs régiments.



1 Vergl. S. 233.

2 Vergl. S. 214. 219. 224.

3 Das Regiment hatte in Stettin seine Garnison.

4 Emden capitulirte am 3. Juli. Die Capitulation vergl. Danziger Beiträge Bd. III, S. 110—113.

5 In dem schon am 11. Juli (Nr. 9189) beantworteten Bericht vom 4. Juli; in dem nächstfolgenden Bericht vom 7. Juli meldet Lehwaldt bereits den Fall von Memel.

6 Memel wurde am 5. Juli eingenommen. Die Capitulation vergl. Danziger Beiträge Bd. III, S. 9—11.

7 Dem folgenden Abschnitt bis „jusqu'au 12 septembre“ ist die eigenhändige Weisung vorgesetzt: „Postscript an den Brief von meinen Bruder von Preussen.“

8 Vergl. Nr. 9172.