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Vous saurez déjà que le général Brandes nous a joints,1 et qu'il a laissé à Zittau pour près de quatre semaines de farine.2 Les chemins de Zittau jusqu'ici sont difficiles. Pour io jours de pain il faut 550 chariots, ce qui demande une escorte proportionnée à la quantité de troupes que l'ennemi peut employer à inquiéter le convoi. Dans le camp que nous occupons à présent, [ayant] Gabel et Reichstadt [garnis], nous pouvons faire les convois avec facilité, étant en état et à portée de soutenir ces postes; et si l'ennemi met un gros corps à Niemes, nous pouvons, sans risque, camper quelques bataillons près de Gabel. Si nous prenons un camp en avant,3 cela peut se faire, et je réponds que l'ennemi ne nous en empêchera pas; mais je ne puis répondre de la sûreté des chemins vers Zittau. Si l'ennemi peut nous enlever un convoi, les troupes manqueront de pain, et les suites ne sauraient qu'être mauvaises. L'ennemi, suivant toutes nos nouvelles, est campé entre Liebenau et Swigan, le corps de Nadasdy en avant, et Morocz à Niemes, comme l'avant-garde de Nadasdy. Il me semble que le plus grand mal que l'ennemi pourrait nous faire, serait de nous enlever nos magasins en Silésie. Celui de Schweidnitz est à l'abri de toute insulte; il ne lui reste donc d'autre que celui de Zittau, sur lequel il pourrait faire quelque tentative. Tant que nous sommes à portée d'y arriver aussitôt qu'eux, ils n'y toucheront pas; mais si nous nous éloignons, ils ont le champ libre pour y envoyer un gros détachement et le couvrir par l'armée. Le manque de fourrages nous obligera de changer en [huit jours]4 de camp. Je vous demande de décider si je dois prendre un camp en avant, au risque de perdre la communication avec Zittau, ou si je dois prendre le camp près de Gabel, qui est peu éloigné d'ici, et qui couvre le chemin de Zittau. Les troupes légères de l'ennemi ne se montrent presque pas du tout; le plus grand mal qu'elles font, est d'empêcher l'entrée des vivres. La plupart des régiments ne sont point pourvus de bœufs. Le général Goltz tâche d'y suppléer en faisant livrer le pays; mais comme la contrée qui respecte ses ordres, est de peu d'étendue, il a peine d'y suffire.

L'incorporation des bataillons saxons5 dans les régiments qui ont perdu le plus aux dernières batailles, aura lieu, je pense, lorsque ces régiments seront dans des garnisons; car, en campagne, il serait à craindre que la plupart, avant d'être accoutumés à leurs nouveaux officiers, déserteront. J'attendrai l'ordre, quand il vous plaira que ce changement se fasse.

J'ai vu les recrues de l'augmentation que les régiments ont reçues;6 elles paraissent bien dressées et en état de faire service. Les chevaux sont la plupart très jeunes; ceux des régiments de Kyau et de Stechow sont le mieux en état; dans le régiment de Wartenberg, l'ordre n'est pas tel qu'il doit être. Le major Dalwig est absent et blessé; ainsi le régiment n'a ni le chef ni le commandeur qui, dans le commencement de la campagne, ont été cause que le régiment a si bien fait son devoir.7

J'ai l'honneur d'être jusqu'au dernier moment de ma vie etc.“

[Leitmeritz, 14 juillet 1757.]8

Si9 vous vous retirez toujours, vous serez acculé à Berlin entre ci et quatre semaines. L'ennemi ne fait que vous suivre. Vous manquez ici de bœufs; faites en venir de la Lusace. Si vous vous retirez, vous manquerez de fourrage, et vous aurez toujours cette race maudite sur vos flancs, de quelque côté que vous vous tourniez. Vous n'avez que



1 Vergl. S. 221. 233. 240.

2 Vergl. das Schreiben des Prinzen, d- d. Lager bei Leipa 10. Jult: Œuvres Bd. XXVI, S. 130.

3 Vergl. S. 222.

4 Diese und die weiter oben befindliche Ergänzung nach dem Concept des Prinzen.

5 Vergl. S. 222. 241.

6 Durch den Zuzug unter dem General lieutenant von Brandes.

7 Vergl. S. 19.

8 Das Datum nach der chiffrirten Ausfertigung.

9 In der Ausfertigung geht den folgenden Worten der Satz voran: „Mon cher Frère. J'ai reçu la lettre que vous m'avez faite du 12.“