<298> était engagé à bien commander l'armée et à ne pas perdre en même temps quatre bataillons, votre magasin et votre bagage.1 Pour moi, tant que je vivrai, je ne vous donnerai point le commandement d'une armée, à moins que je n'en eusse une de trop. Mais vous pouvez vous trouver dans celle que je commande, sans que votre honneur en soit blessé. Si vous allez à Berlin, vous serez exposé dans peu ou à être pris par quelque parti ou à vous sauver avec les femmes dans quelque forteresse. Voilà un beau rôle pour l'héritier présomptif d'une couronne! En vérité, vous avez aussi peu de jugement pour votre conduite particulière que pour conduire une armée; j'en suis pénétré jusqu'au fond du cœur. Faites à présent tout ce que vous voudrez, mais sachez que je vous renie pour mon frère et pour mon parent, si vous ne suivez pas le parti de l'honneur et le seul qui convient à un prince successeur du trône. Vous me parlez de respect; vous savez ma façon de penser, et que je n'en exige de personne, mais je veux que mes parents donnent l'exemple de la constance et de l'honneur aux autres et non ceux de la couardise.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


9276. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

Weissenberg, 12 août 1757.

Ma très chère Sœur. Je n'ai presque pas le cœur de vous écrire d'ici; tout ce que je puis vous dire, c'est que nous avons bien reçu ce qui a été envoyé, et qu'il n'y a rien de perdu.

Nos affaires militaires commencent à s'éclaircir. J'espère de pouvoir vous donner dans peu de bonnes nouvelles. Ma besogne est dure; j'aimerais mieux cent fois être mort que de vivre encore une année dans la situation où je suis; cependant, je ferai l'impossible pour résister, et ma dernière consolation sera d'avoir vendu cher ma vie et ma liberté. Mon espérance est dans le temps, et comme je m'aperçois qu'il m'en reste, je ne désespère pas encore.

Voilà, ma chère sœur, tout ce que Nadasdy me permet de vous dire. Demain notre communication est entièrement coupée avec Dresde, et je ne pourrai écrire qu'à bonnes enseignes.

Je vous envoie une réponse à Voltaire qu'il dépendra de vous de lui faire tenir ou non.1



1 Das Schreiben an Voltaire und das weiter unten genannte Epigramm sind nicht vorhanden. Erwähnt wird das Schreiben in einem Briefe der Markgräfin an Voltaire vom 19. August und einem Briefe Voltaire's an Graf Argental vom 12. September. Vergl. Œuvres complètes de Voltaire (par Condorcet. Paris 1880). Bd. 39, S. 246. 247. 261. In Henckel's Tagebuch heisst es unter dem 14. August 1757 „Gestern hatten Se. Majestät sich mit der Verfertigung eines Epigramms auf den König von Frankreich beschäftigt, welches sie mit der Post an Herrn von Voltaire sandten.“ Militär. Nachlass des Grafen Henckel, hrsgg. v. Zabeler. I. 2, S. 270. (Zerbst 1846.)