<320> montagnes, des bois et des défilés que l'ennemi avait remplis de ses troupes légères.

La levée du siège de Prague ayant rendu la liberté aux troupes qui s'y trouvaient renfermées depuis cinq semaines, le prince Charles de Lorraine sortit et joignit l'armée du maréchal Daun près de Brandeis. Bs passèrent l'Elbe et suivirent l'armée que commandait le Prince de Prusse. Ils se postèrent sur son flanc gauche à Niemes1 et lui gagnèrent une marche sur Gabel, où 4 bataillons prussiens avaient été postés pour faciliter les convois de Zittau d'où l'armée tirait ses vivres. La ville de Gabel fut attaquée par 20,000 hommes et emportée,2 ce qui obligea notre armée de décamper et de prendre le chemin de Rumburg pour gagner Zittau. L'armée y passa, mais elle y perdit beaucoup de bagage et ses pontons, à cause que les voies de nos voitures se trouvèrent trop larges et ne purent passer à travers des chemins étroits taillés dans le roc. Par la position des armées et par leurs marches, il se trouva que les Autrichiens avaient le chemin de la corde et l'armée de Prusse celui de l'arc à décrire, pour arriver à Zittau. Le général de Schmettau, qui avait l'avant-garde, trouva en arrivant auprès de cette ville que les Autrichiens s'étaient rendu maîtres de l'Eckartsberg, poste important qui domine la ville et commande les environs; il ne put que se poster au faubourg. Notre armée en arrivant occupa le terrain opposé à celui de l'ennemi, ayant sa droite vers Zittau et sa gauche sur la montagne de Hennersdorf. Dans cette situation la ville de Zittau paraissait assurée, ses bonnes murailles la mettaient à l'abri d'un coup de main, et il aurait fallu que l'ennemi ouvrît la tranchée pour la prendre. On prétend que ce fut par l'instigation des princes de Saxe3 que les Autrichiens la bombardèrent.4 Les rues y sont étroites, et il y avait beaucoup de maisons couvertes en bardeau; le feu gagna bientôt, les maisons s'écroulèrent, les toits de bois communiquèrent l'embrasement à tous les quartiers, et l'on fut obligé d'en retirer la garnison; ceux qui avaient occupé l'extrémité de la ville, ne purent sortir, à cause que les maisons écroulées avaient bouché le passage des rues, et le colonel Diericke avec 150 hommes du régiment des pionniers et le major Kleist avec 80 hommes du régiment du margrave Henri furent pris prisonniers.5

Sur cela, notre armée quitta Zittau et prit le camp de Bautzen. Dès que l'on fut informé à notre armée de Leitmeritz de la prise de Gabel, l'on se prépara à quitter la Bohême.6 On évacua Leitmeritz, après avoir transporté tous nos magasins en Saxe, et l'armée se campa auprès de Sullowitz. Le général Nadasdy, qui nous suivit, tenta d'attaquer nos grandes gardes dans ce camp, mais il fut repoussé avec perte.



1 Vergl. S. 249. 250.

2 Vergl. S. 256. 257.

3 Vergl. S. 276. 277.

4 Statt des Satzes „On prétend“ bis „bombardèrent“ stehen in den vom Ministerium veranlassten Drucken die Worte: „Mais l'ennemi prit le parti de bombarder la ville.“ Vergl. S. 319. Anm. 1.

5 Vergl. S. 281.

6 Vergl. S. 261. 264. 266. 268.