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9359. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

[Kerspleben,] 24 [septembre 1757].

Mon frère de Prusse s'est si mal conduit dans son commandement que, pour ne point perdre l'armée, j'ai été obligé de le lui ôter. A présent il boude avec moi, et il s'est fourré à Wittenberg.1 Je l'abandonne à sa mauvaise conduite, et je ne me mêle plus de ses affaires.

J'ai écrit au duc de Richelieu; il n'a, comme je m'y suis bien attendu, aucun ordre de négocier.2 Mais il a beaucoup parlé à Eickstedt des engagements de la France, des Pays-Bas et de leurs avantages, de sorte que cela me renouvelle, comme de raison, les soupçons de traités de partage que les triumvirs ont faits.3 Voilà pour les affaires d'intérêt qui me paraissent dans une situation désespérée. D'un autre côté, les Russes se sont retirés et sont en pleine marche pour quitter la Prusse, sans que jusqu'à présent on en puisse pénétrer la cause. Les Suédois bloquent Stettin,4 le prince de Bevern est en Silésie, les partis ennemis vont jusqu'à Treuenbrietzen.

Quant à ce qui regarde la réputation, tout est presque aussi désespéré que le reste. La Fortune ne nous en a que trop voulu. Ainsi, ma chère sœur, jusqu'à présent je ne vois rien de consolant pour moi; ma vieille tête épuisée et couverte de cheveux blancs ne vaut ni celle de Thalès ni le moindre bourg de mes provinces. Je ne suis point ivre d'amour propre, et je suis persuadé qu'un malheureux de plus ou de moins dans le monde ne changera pas l'ordre de l'univers.

Federic.

Nach dem Concept. Eigenhändig.5


9360. A LA REINE DE SUÈDE A STOCRHOLM.

[Kerspleben,] 24 septembre [1757].

Ma très chère Sœur. J'ai reçu, par le comte de Solms,6 votre lettre avec bien du plaisir. Je crois qu'il fût bien à souhaiter que le roi de Suède n'eût pas pris le parti excessif qu'on lui a fait prendre. Dans le moment présent, il est sûr que nous ne pouvons pas empêcher les Suédois de prendre des quartiers, pendant ce mois de septembre, dans ma Poméranie;7 mais comme tout ne se fait pas dans un jour, nous pourrons bien trouver le moment pour les faire repentir de leur invasion. Je suis très persuadé que vous êtes innocente à tout le malheur qui est arrivé, et vous pouvez compter, ma très chère sœur, que cela ne refroidira ni changera jamais les sentiments que j'ai pour vous.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. S. 353.

2 Vergl. Nr. 9356.

3 Vergl. S. 275. 276.

4 Vergl. jedoch S. 351. Anm. 2.

5 Das Schreiben wurde chiffrirt abgesandt, vermuthlich ohne Unterschrift.

6 Bei der Rückkehr von Solms aus Stockholm. Vergl. S. 270. 329.

7 Vergl. S. 347.