8919. AU FELD-MARÉCHALL DE KEITH A WELESLAWIN.

[Au camp de Prague,] 9 [mai [1757].

Vous avez raison, mon cher Maréchal, de juger de ma sensibilité dans le moment présent pour les pertes que j'ai faites; et qui ne le serait pas en perdant des amis et de braves gens qui ont soutenu l'État dans l'affaire la plus scabreuse et la plus décisive que j'aie encore vue de mes jours? Je sacrifie et moi et mes chagrins domestiques23-1 dans ce moment, et je ne veux penser qu'à la patrie.

J'ai pris de mon côté tous les arrangements que j'ai cru nécessaires tant pour m'opposer au corps de Kœniggrætz que pour poursuivre les fuyards. Nos hussards de Werner23-2 ont pillé la caisse militaire des Autrichiens; tout ce qui est hors de Prague, est sans argent, sans pain et sans équipages, de sorte qu'on les fera encore fuir sans peine.

Quant aux déserteurs et aux prisonniers, vous n'avez qu'à les renvoyer à Budin, et qui d'eux voudra prendre service, sera le bienvenu. Nous avons tant à faire qu'il est impossible de vous fournir des listes. Demandez à votre aide de camp, qui vous dira que j'ai été interrompu par plus d'une reprise en écrivant cette lettre.

Nous avons occupé le Ziska aujourd'hui, le pauvre Strantz y a été tué; mais à présent nous nous trouvons en force sur le nez de l'ennemi. Adieu, mon cher Maréchal, je vous embrasse.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



23-1 Der häusliche Kummer bezieht sich auf die Krankheit der Königin-Mutter. Vergl. Bd. XIV, 243. 254. 289. 516.

23-2 Die früheren Wechmar-Husaren. Vergl. Bd. XIV, 14. 238.