8922. AU FELD-MARÉCHAL DE KEITH A WELESLAWIN.

[Au camp de Prague,] 10 [mai 1757].

Je vous suis très obligé, mon cher Maréchal, pour les régiments que vous m'avez envoyés.24-2 Le prince de Bevern est en pleine marche avec une grosse cavalerie et 11 bataillons d'infanterie, pour attaquer Leopold Daun. Je ne crois pas que l'autre tiendra, je serais plutôt porté à présumer qu'il se retirera au camp de Kuttenberg. J'attends le dénoûment de ceci et ensuite ma grosse artillerie, qui doit arriver le 14 à Leitmeritz, et qui sera le 19 ou 20 ici, pour bombarder et pour forcer les ennemis à faire des sorties, pour voir s'il ne se trouvera pas de moyen de les obliger à se rendre.

Comme je ne suis pas devin, il m'est difficile d'annoncer d'avance ce qui arrivera; mais j'espère que, de quelque façon que la chose tourne, elle nous sera ou moins ou plus avantageuse. Nous sommes à présent à la discrétion de Sa Sacrée Majesté le Hasard. Si Browne a beaucoup de vivres dans la ville, s'il a pris ses précautions pour les mettre à l'abri de toute insulte, si, enfin, tous les hasards et les combinaisons prétérites sont pour lui, nous ne réussirons qu'en partie; mais si quelque chose manque, j'en viendrai à bout; c'est ce que j'attends du destin, en prenant de mon côté toutes les meilleures mesures pour faire réussir mon projet.

Le corps qui s'est sauvé de la bataille, ne consiste qu'en 12,000 hommes, Browne en a 50,000 bien comptés à Prague; Leopold Daun n'a que 15,000 hommes sous ses ordres: voilà au vrai notre situation pour le moment présent; je m'en remets, au reste, à la Fortune, et je vous embrasse, mon cher Maréchal, de tout mon cœur. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.

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24-2 Vergl. Nr. 8920.