8926. AU PRINCE DE PRUSSE AU CAMP DE PRAGUE.28-3

[Au camp de Prague,] 11 [mai 1757].

Mon cher Frère. Je sens toutes les pertes que j'ai faites, je m'étourdis dans ce moment pour me les dissimuler à moi-même, et pour que ma sensibilité ne m'empêche point de faire mon devoir; je ne pense qu'à la patrie et aux moyens de subjuguer nos ennemis. Faites-moi, s'il vous plaît, les propositions pour l'avancement de votre régiment. Dans le moment présent, il faut détourner notre vue du passé et ne voir qu'en avant, réparer nos pertes et faire les dispositions pour procurer la perte de l'ennemi. Je me sacrifie pour l'État, je fais tous les efforts dont je suis capable, pour ne point sentir ce qui déchire mon cœur.

Dans toute cette bagarre, j'ai au moins la consolation d'apprendre aujourd'hui que notre chère mère se remet.28-4 Voilà, mon cher frère, le seul instant de contentement que j'aie eu, depuis que je vous ai<29> quitté; la crise n'est pas encore tout-à-fait terminée, et j'entreprends ce que je peux, laissant à la Fortune à décider des évènements sur lesquels la prudence n'a aucune prise.

Je suis avec autant d'amitié que d'estime, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Mon frère Henri a fait des merveilles.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



28-3 Der Prinz datirt seine Schreiben an den König „au camp de Prague“ . Der Prinz befand sich bei dem Heerestheil des Feldmarschalls Keith auf dem linken Ufer der Moldau.

28-4 Vergl. S. 23 Anm. 2.