8963. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Podewils berichtet, Berlin 16. Mai: „J'ai cru être de mon devoir d'envoyer au plus tôt à Voire Majesté la lettre ci-jointe en original que j'ai reçue ce matin par estafette du baron de Münchhausen d'Hanovre du 14 de ce mois. Votre Majesté verra que, si l'on a paru un peu alarmé à Hanovre d'une prétendue négociation de paix séparée avec la cour devienne par le canal du comte de Wackerbarth-Salmour,<58> dont nous avons fait notre rapport en date du 14 de ce mois,58-1 on l'est bien davantage encore de la nouvelle qu'on a reçue à Hanovre, selon l'incluse, du départ du comte de Kaunitz de Vienne du 5 de ce mois pour la Bohême.58-2

Comme j'ai déjà rassuré d'avance le baron de Münchhausen par rapport au premier article sur le plan de paix séparée qu'on prête à Votre Majesté, j'en ferai autant demain sur le prétendu voyage du comte de Kaunitz en Bohême, en l'assurant qu'il peut avoir l'esprit en repos sur tous les bruits que les artifices ordinaires de la cour de Vienne savent employer, pour semer des soupçons et de la mésintelligence entre des alliés, et pour porter d'autant plus facilement la cour d'Hanovre à accepter le plan humiliant de la convention de neutralité que le comte de Colloredo a remis en Angleterre, et que le sieur Michell aura envoyé sans doute à Votre Majesté,58-3 comme nous en avons reçu le duplicat.

J'ai répondu aussi au baron de Münchhausen, par rapport au passage de sa lettre qui regarde les convenances à faire au roi d'Angleterre,58-4 selon le plan secret qui lui a été communiqué si souvent et il y a si longtemps, qu'il n'a tenu qu'à lui de m'envoyer un projet d'une pareille convention secrète, dans laquelle Votre Majesté serait toujours prête d'entrer pour marquer Son véritable attachement pour les intérêts du roi d'Angleterre.

Münchhausen schreibt, Hannover 14. März, nachdem er seiner Freude über den Sieg bei Prag Ausdruck geliehen und die Bitte ausgesprochen hat, man möge ihn bald in den Stand setzen über die Gerüchte einer Verhandlung mit Wackerbarth den König von England beruhigen zu können: „Le moment heureux et désiré depuis longtemps de Votre Excellence et de moi paraît être venu, où deux monarques alliés par le sang pourront s'unir par une conformité d'intérêts à jamais. Je suis persuadé que Votre Excellence y contribuera, autant qu'Elle pourra, et ne me laissera pas ignorer si. Elle croit qu'on pourra mettre la main à cet ouvrage et au projet connu.

Le comte de Kaunitz est parti de Vienne le 5 pour la Bohême, pour, à ce qu'on mande, voir de près la situation des affaires. Le prétexte paraît un peu équivoque à l'égard d'un ministre qui, autant que je sache, n'est pas grand militaire. Il aura trouvé de la besogne.

. . . On me donne en même temps avis d'une alliance conclue ou prête de l'être entre les cours de Madrid, de Turin et de Naples, peu favorable à la maison d'Autriche. Je n'ose garantir cette nouvelle, quoiqu'on ajoute qu'elle est occasionnée par des articles secrets du traité de Versailles58-5 qu'on sait outre plusieurs objets intéresser l'Italie. Si elle se vérifie, ce serait un coup très embarrassant pour le comte de Kaunitz. La grande victoire de Prague ne nuira pas aux projets que la cour de Turin peut former.“

Au quartier général devant Prague, 19 mai 1757.

Mon cher comte de Podewils. En vous renvoyant les lettres58-6 du baron de Münchhausen que vous m'avez communiquées à la suite de la vôtre du 16, je veux bien vous dire58-7 que je suis un peu étonné des<59> soupçons à la vérité ridicules qu'on a conçus à Hanovre sur un prétendu voyage du comte Kaunitz en Bohême. Je ne sais pas positivement ce qui en est de ce voyage ou non; mais je n'aurais jamais crû qu'on en eût pu soupçonner du mystère à mon égard, vu que le sieur Mitchell est ici présent, qui certainement n'est pas homme à se laisser duper si grossièrement, et comment peut-on croire à Hanovre que j'agirais d'une manière aussi infâme envers le roi d'Angleterre, comme il y a peut-être des personnes à Hanovre qui auraient voulu agir à mon égard.

D'ailleurs, on devrait bien penser que le comte Kaunitz aurait bien mal choisi son temps, pour partir le 5 de Vienne, afin d'arriver le 6 ou le 7 à peu près en Bohême, pour voir lui-même annoncer par les fuyards la nouvelle de la bataille perdue des Autrichiens, et ignoret-on à Hanovre que la cour de Vienne, se croyant appuyée par ses puissants alliés, est bien trop orgueilleuse encore pour faire un pas aussi humiliant que d'envoyer son premier ministre pour demander la paix? De quelque côté que l'on envisage ce bruit, il est partout du dernier ridicule, et si la cour de Vienne y entendait finesse par ce voyage vrai ou controuvé, ce que je ne sais pas, elle s'y serait prise bien lourdement.

Vous avez donc très bien fait de désabuser d'abord le baron de Münchhausen de ses appréhensions à ce sujet, s'il en a eu, et vous pouvez encore le rassurer parfaitement là-dessus en traitant d'indignités et de frivolités absurdes de pareils bruits; sur quoi je ne vous démentirai jamais.

Je suis, au reste, content de la réponse que vous avez donnée à ce ministre touchant les convenances à faire au roi d'Angleterre. Au surplus, je serai bien aise d'avoir des nouvelles plus précises de ce traité dont le sieur de Münchhausen fait mention dans sa lettre, qui doit être signé entre les cours de Madrid, de Turin et de Naples, peu favorable à l'Autriche, et je vous saurai bien du gré, si vous pouvez vous orienter plus là-dessus. Sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



58-1 Vergl. Nr. 8952.

58-2 Vergl. S. 34. 53.

58-3 Vergl. S. 35 Anm. 4.

58-4 Vergl. Bd. XIV, 551.

58-5 Vergl. Bd. XII, 509,

58-6 Es waren ein Hauptschreiben und ein Postscript.

58-7 Dem Folgenden liegen die eigenhändigen Bemerkungen des Königs in dorso von Podewüs Bericht zu Grunde: „Vor dieses Mal ist es fast zu viel, dass Münchhausen solche lächerliche Appréhensions fasset. Mitchell ist hier und siehet alles und ist nicht der Mann, so sich dupiren lassen würde. Wie kann Münchhausen glauben, dass ich so infame an dem König von Engelland handeln würde, als wie man vielleicht gegen mich in Hannover handeln wollen! Ob Kaunitz in Böhmen gewesen ist oder nicht, weiss ich bis diese Stunde nicht gewiss. Wenn er den 5. von Wien abgereiset ist, so hat er seine Zeit übel genommen, den 6. oder 7. in Böhmen anzukommen, und, was ich in der Zeit gethan und noch thue, sollte mich wohl von allen indignen Soupçons befreien.“