8993. AU SECRÉTAIRE

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Michell berichtet, London 6. Mai: „Le lord Holdernesse, que j'ai vu ce matin, m'a . . . instruit d'une démarche fort extraordinaire du comte de Colloredo, qui, non content d'avoir reçu la réponse laconique et déclinatoire que le baron de Münchhausen lui avait faite au sujet de ses dernières propositions de neutralité MICHELL A LONDRES.

Camp devant Prague, 25 mai 1757.

Les rapports que vous m'avez faits du 3, 6 et 10 de ce mois, m'ont été bien rendus. Pour vous informer de ce qui s'est passé ici depuis la journée de Prague jus-

pour l'électoral,83-1 s'est avisé de demander mardi dernier83-2 une audience du Roi par le canal dudit baron de Münchhausen, dans laquelle, après avoir fait valoir à ce Prince, par un discours étudié, le désir qu'avait l'Impératrice-Reine de préserver l'électoral des malheurs dont il était menacé, et sa générosité à son égard, lui ajouta que ce n'avait pas été sans beaucoup de peine qu'elle avait obtenu de ses alliés les propositions susdites, lesquelles ne lui avaient été offertes que par un pur motif d'amitié de la part de l'Impératrice-Reine, et pour empêcher les dévastations des Etats d'Hanovre. Le comte de Colloredo, voulant ensuite s'étendre davantage sur la générosité des procédés de sa souveraine dans ces circonstances, fut interrompu par le Roi, qui lui dit avec un souris ironique et méprisant qu'il ne doutait nullement des bons sentiments de l'Impératrice à son égard, qu'il les connaissait depuis longtemps, et qu'il pensait certainement sur son sujet de la même façon qu'elle en faisait sur le sien. Après quoi, ayant fait un signe de tête, congédia ainsi le ministre autrichien, sans lui en dire davantage . . . Comme l'administration n'est pas encore fixée, quoique l'examen de la conduite de l'ancien ministère83-3 soit entièrement fini au Parlement d'une façon qui lui est fort avantageuse, le lord Holdernesse m'a fait entendre que l'on ne saurait prendre aucune résolution intéressante que jusques à ce que les affaires intérieures fussent remises en règle; que c'était par ce motif qu'il avait suspendu encore de faire au ministre de Russie la déclaration dont je l'avais requis.“83-4

qu'à présent, je vous dirai que le prince Charles de Lorraine et le maréchal Browne avec nombre de généraux autrichiens et une grande partie de l'armée autrichienne, qu'on évalue à passé 35,000 hommes, s'étant réfugiés après la bataille à Prague, sans pouvoir en ressortir, j'ai employé le temps de cet intervalle pour faire investir la ville de tout côté, en fortifiant les collines qui la dominent, de sorte que, cette garnison ayant tenté d'en sortir par trois fois, elle y a été toujours rejetée avec des pertes considérables. Je n'attends à présent que mon artillerie pesante, qui arrivera demain, pour forcer alors la garnison, en brûlant et ruinant leurs magasins, de sortir malgré elle ou de se rendre prisonnière; entreprise qui, si elle me réussit, ruinera l'armée autrichienne à n'en pouvoir plus se relever, et me laissera lieu alors d'agir efficacement pour aider et soutenir mes alliés.

Comme il y a encore un corps d'armée des Autrichiens en Bohême sous les ordres du maréchal Leopold Daun, d'à peu près 20,000 hommes, qui se trouvait le jour de l'action à Bœhmisch-Brod et, sur la nouvelle de la défaite de leur grande armée, se retira à Nimburg, j'ai détaché sur-le-champ le lieutenant - général prince de Bevern pour le talonner, qui l'a poussé jusqu'à Czaslau et le rejettera apparemment

 

encore plus loin en arrière vers la Moravie, vers où ledit Leopold Daun renvoie déjà ses magasins et ses bagages, après que le prince de Bevern lui a enlevé trois à quatre différents magasins, en partie assez considérables.

Quant à la nouvelle tentative que le comte Colloredo a faite d'une façon si irrégulière et insolente, pour surprendre la religion de Sa Majesté Britannique à donner dans cette trompeuse neutralité de l'Hanovre, vous direz84-1 à milord Holdernesse que je lui suis très obligé de la communication sincère qu'il m'a faite de ces nouvelles tentatives; qu'il n'y avait de salut pour nous que dans notre étroite union et qu'en agissant de bonne foi ensemble; Sa Majesté Britannique pouvait être fermement persuadée que j'en agirai ainsi envers lui. Vous ajouterez qu'il serait très désirable pour le bien de l'Angleterre qu'enfin l'administration nouvelle pût être réglée, et que je souhaiterais de tout mon cœur que cela se fît bientôt, d'autant plus que la saison des délibérations était passée, et qu'il était temps d'agir.

Au surplus, comme j'avais détaché un couple de bataillons pour aller ruiner le magasin considérable que les Autrichiens avaient amassé dans la ville de Pilsen, et qui était destiné pour en fournir aux auxiliaires qui devaient arriver en Bohême de quelques princes de l'Empire, et que ce coup avait parfaitement réussi, cette entreprise a fait tant d'impression sur l'électeur de Bavière que, quand ces bataillons vinrent dans le Haut-Palatinat pour aller retourner ici, l'électeur de Bavière m'a envoyé d'abord son colonel et chambellan de Montgelas, pour m'assurer qu'il ne pensait point à me donner aucun sujet de mécontentement; qu'il resterait absolument neutre pendant cette guerre et renoncerait aux engagements qu'il avait pris antérieurement contraires à ceci et ne fournirait point le contingent que la cour de Vienne avait extorqué à lui et autres États de l'Empire. J'ai cru devoir accepter pour le bien de la cause commune ces propositions; mais comme l'Électeur ne les avait faites que verbalement, j'ai exigé de lui qu'il me les fît donner par écrit et d'une façon authentique, et, si d'autres princes d'Allemagne m'en pouvaient faire des pareilles, je ne crois pas devoir les refuser. Vous ne manquerez pas d'informer milord Holdernesse de cette circonstance.

Federic.

Nach dem Concept.



83-1 Vergl. S. 35.

83-2 3. Mai.

83-3 Micheli hatte, London 26. Aprii, gemeldet: „On continue d'examiner au Parlement la conduite de l'ancien ministère et la source des malheurs de la dernière campagne . . . Le sieur Pitt, un des plus échauffés à cet examen, et qui avait paru très peu cet hiver dans la Chambre durant son ministère, par son peu de santé, y assiste constamment et y déclame beaucoup; mais, avec cela, il en sera pour les frais de son éloquence et court plutôt risque de retomber par là malade, que de faire prendre à la Chambre la moindre résolution désavantageuse à l'ancien ministère, qui au contraire sortira très net de cet examen.“

83-4 Vergl. S. 34; Bd. XIV, 502.

84-1 Der folgende Abschnitt liegt in einer eigenhändigen Weisung des Königs in dorso von Michell's Bericht vom 6. Mai vor.