8997. AU FELD-MARÉCHAL DE KEITH A WELESLAWIN.

Au camp devant Prague, 26 mai 1757.

Mon cher Maréchal. Sur la lettre que vous m'avez faite aujourd'hui, je vous prie de considérer que, si l'ennemi a des desseins, il lui faut le temps nécessaire pour faire ses dispositions, et qu'après qu'il a eu un tel échec qu'il a reçu à la dernière sortie,88-2 il ne saurait y retourner du jour au lendemain; je ne garantirai pas que peut-être en deux ou trois jours il ne retournerait pas, mais de jour à l'autre, voilà ce que je ne saurais croire.

Ici les pandours ont voulu attaquer, la nuit passée, une batterie qu'on était à construire; ils se sont égarés chemin faisant et ont donné sur une redoute qui était déjà achevée depuis du temps, ce qui leur a fait essuyer beaucoup de feu. Nous avons envoyé nos patrouilles jusqu'à la ville, pour savoir s'il y avait quelque autre dessein làdessous; mais, quoique de Le Noble fît avertir que 20,000 hommes défilaient de la ville, personne n'est sorti de sa tente, hormis les gardes ordinaires.

Quant à votre batterie, je suis bien aise d'apprendre qu'elle vient d'être achevée, et vous ferez bien d'y faire placer vos canons et vos mortiers, afin de mettre tout en état, comme il faut; mais vous ne<89> commencerez ni à canonner ni à bombarder qu'au temps que je vous le ferai dire. Nonobstant que les canons sont ici, l'amas que nous avons de boulets et de bombes, n'est pas encore suffisant, et je vous avertirai le jour d'avant, quand nous aurons à commencer, et concerterai avec vous les signaux pour commencer également. Ce sera à minuit quand tout commencera, après que nous aurons achevé de préparer ce qu'il faudra. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



88-2 Vergl. S. 74—76.