9087. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A WELESLAWIN.

Camp de Prague, 11 juin 1757.

Monsieur. Je vous rends grâce de l'attention que vous avez eue de me communiquer incessamment les nouvelles que votre courrier de Russie vous a apportées,161-4 et des témoignages de zèle que vous m'avez donnés pour m'offrir à vouloir mander au plus tôt à votre cour tout ce que je voudrais vous suggérer de moyens propres et efficaces pour me secourir dans la crise présente.

Vous me permettrez de vous dire que votre cour ne saurait ignorer en quoi son secours à moi consiste, vu qu'il y a longtemps déjà que je lui ai fait mes instances

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1° pour l'envoi d'une escadre dans la Baltique, afin de protéger les côtes maritimes de mes provinces contre les entreprises des Russes et pour contenir ceux-ci en respect.162-1

En second lieu de travailler auprès de la Porte Ottomane afin que celle-ci se prête au moins de faire quelque déclaration verte et énergique aux deux cours impériales pour leur en imposer.162-2

Je ne vois pas quel ménagement votre cour aura encore à garder avec celle de Pétersbourg, après que celle-ci s'est déclarée aussi ouvertement, et de la façon la plus indécente, qu'elle l'a fait, et qu'elle marque un mépris si ouvert à votre cour que même elle ne lui a pas fait communication de la note en question et de sa résolution prise,162-3 et que d'ailleurs elle vient d'arrêter les courriers anglais, ce qui marque assez clair, à ce qui me semble, qu'elle ne veut plus avoir des égards pour votre cour, et qu'elle renonce aux liaisons qu'elle a eues antérieurement avec elle. Vous vous souviendrez combien la France a autrefois relevé que la Russie arrêta ses courriers, quand la première fut dans le cas; pourquoi votre cour ne voudrait-elle pas agir conformément?

Je vous écris tout ceci en ami et par manière d'acquit, n'osant pas me flatter, par la malheureuse division qui règne encore en Angleterre,162-4 et pendant qu'il n'y a rien de fixé par rapport à une nouvelle administration du gouvernement, qu'on fera des efforts pour me secourir, ni qu'on entrera dans le plan proposé; ce qui, cependant, ne m'empêchera pas de rester toujours l'allié le plus fidèle à la Grande-Bretagne et de travailler pour nos intérêts communs, autant que mes forces le permettront. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung im British Museum zu London.



161-4 Vergl. über Mitchell's Schreiben vom 10. Juni den Erlass an Michell vom 11. Juni. Nr. 9088.

162-1 Vergl. S. 123. 127. 143; Bd. XIII, 609; XIV, 551.

162-2 Vergl. Bd. XII. 515; XIII, 619; XIV, 559.

162-3 Vergl. Nr. 9088. S. 163.

162-4 Vergl. S. 93—95. 123.