9168. A LA REINE DE SUÈDE A STOCKHOLM.

Leitmeritz, 7 juillet 1757.

Ma très chère Sœur. Vous saurez déjà l'échec que j'ai reçu le 18 du mois passé auprès de Kolin, qui m'a obligé de lever le siège de Prague. Dans ces cruelles circonstances, j'ai perdu une mère que j'adorais; à présent, je dois m'attendre que tous mes ennemis déclarés et cachés lèveront leur tête, et que tout le monde voudra contribuer à ma ruine. Dans cette situation, ma chère sœur, j'opposerai de la fermeté et du courage au nombre de mes ennemis, et ils n'accableront l'État qu'en ensevelissant ses défenseurs sous les ruines de leur patrie. Voilà tout ce que je peux vous dire pour le présent. Solms sera informé de tout ce qui se passera dans la guerre. Sensible à votre amitié, comme je le suis, je vous écrirais certainement plus souvent, si la multitude des affaires et le mouvement perpétuel où je suis souvent, ne m'en empêchaient. Ne pensez, je vous prie, ni à ma perte ni à ma conservation, la vie n'est bonne que lorsqu'elle est accompagnée d'honneur et de bien-être; mais la mort est préférable à l'oppression et à l'ignominie. Je vous embrasse de tout mon cœur, étant avec la plus parfaite tendresse, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.