9184. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.

Leitmeritz, 9 juillet 1757.

Les rapports que vous m'avez faits du 25 et du 28 du mois passé,231-1 m'ont été fidèlement rendus. J'avoue que j'ai été extrêmement surpris du changement soudain et nullement attendu de la cour où vous vous trouvez, en se donnant un démenti sur une affaire que ses propres intérêts lui devaient faire envisager comme indispensable d'exécuter avec vigueur.231-2

Si donc il y a moyen encore de la redresser là-dessus, vous tâcherez de lui faire bien envisager les suites dangereuses qui ne sauraient manquer de résulter pour cette cour, si elle donnait à connaître par cette fausse démarche sa faiblesse à tout le monde et surtout à la Russie et à la Suède, et de quelle conséquence il serait pour elle, quand elle laisserait faire librement ces deux puissances à leur gré, qui, ayant une fois reconnu le défaut de la cuirasse du Danemark, ne laisseraient pas d'en profiter, pour le maîtriser et pour lui imposer en temps et lieu les lois les plus dures.

Vous ajouterez que, pourvu que le Danemark, l'Angleterre et moi resterions unis à défendre la liberté commune, nous saurions la maintenir et nous soutenir tous, au lieu que, si des craintes vaines et des appréhensions hors de saison nous faisaient perdre cette vue, la suite immanquable en serait que nous serions écrasés l'un après l'autre, et que le Danemark n'aurait peut-être que le bénéfice de Polyphème, d'être humilié le dernier et d'être obligé de subir les lois des Suèdois et des Russes. Je me rapporte à votre dextérité, pour habiller tout cela de manière à faire impression sur les ministres de Danemark, afin<232> de leur ouvrir les yeux sur l'aveuglement où ils sont, et sur le grand danger où ils se jettent inconsidérément par leur faiblesse et par leur façon d'agir aussi mollement qu'ils le font.

Federic.

Nach dem Concept.



231-1 In der Vorlage „de ce mois“ .

231-2 Häseler berichtet, Kopenhagen 28. Juni: Der Baron Bernstorff habe ihm erklärt, dass der kopenhagener Hof die Absicht, bei Schweden und Frankreich für den Frieden sich zu verwenden (Vergl. Nr. 9157), aufgegeben habe; einerseits sei Schweden bereits zum Kriege fest entschlossen, andererseits habe der französische Gesandte Ogier auf das lebhafteste jeder Einmischung Dänemarks sich widersetzt. Die Befehle zur Ausrüstung der dänischen Flotte (Vergl. S. 213) seien widerrufen worden.